Rétrospective Joyce Wieland
La dernière rétrospective de la cinéaste expérimentale canadienne Joyce Wieland à Montréal remonte au début des années 2000. Ses films régulièrement présentés dans les cinémathèques en Amérique du Nord et en Europe (ce sera à nouveau le cas au Austrian Film Museum en novembre prochain) sont tous conservés à la Cinémathèque québécoise. Ils témoignent non seulement d'une expressivité plastique exceptionnelle, mais offrent au spectateur un regard féminin singulier sur son époque. C'est aussi une cinéaste jamais intéressée par les zones de confort, œuvrant souvent en collaboration (Hollis Frampton, Michael Snow), explorant même le long métrage de fiction (The Far Shore, à redécouvrir).
Un court métrage tourné chez Joyce Wieland et Michael Snow à New York, chronique d'une journée rythmée par la création et les visites amicales. Le titre est inspiré d'un morceau de jazz de Charlie Mingus et la trame sonore est signée par Paul Bley. La copie 16 mm est un agrandissement d'une pellicule 8 mm.

Un homme (David Shackman) dort, presque nu. Pendant son sommeil, une marche martiale de saucisses aux allures phalliques prend d'assaut son corps vulnérable.

Dans l'intimité de sa cuisine, Wieland se met elle-même en scène et filme les effets de l'eau et de la lumière à travers le prisme d'objets en verre. Grâce à ses expériementations, elle fait surgir l'extraordinaire du quotidien.

Wieland poursuit sa réflexion amusée sur le patriotisme en mettant en scène David Shackman avec le drapeau américain. Le film, qui se clôt sur une séquence d'animation en stop-motion, est teinté de mélancolie dans sa façon de préfigurer la mort de l'acteur, peu après le tournage.

Au son incessant des vagues, un petit voilier file vers un horizon indisctinct, entre le ciel et la mer, et vers le bord du cadre. Un intrus s'immisce dans ce tableau lointain et trouble son immuabilité.

Un chat mange un poisson. Mais les images ne cessent de surgir, la pellicule d'être montée, et le poisson n'est jamais vraiment dévoré.

Un coin de rue filmé depuis une fenêtre à New York. Les images se répètent en boucle, masquées de temps à autre par l'apparition énigmatique du chiffre 1933. « Un titre qui provoque plus de questions que le film n'a de réponses », comme l'a simplement décrit Joyce Wieland elle-même.

L'observation de jeunes filles formées à la dactylographie dans un centre d'emploi: sous l'oeil de Wieland, chaque geste, chaque infime mouvement témoignent de leur existence, de leur déracinement et de leur vitalité.

Des rongeurs emprisonnés aux États-Unis par un chat cherchent refuge au Canada. Parabole sur l'oppression politique et l'impérialisme américain, le film fut considéré par Jonas Mekas comme étant « peut-être le meilleur (ou le plus riche) film politique du moment ».

Joyce Wieland
Joyce Wieland (30 juin 1931 - 27 juin 1998) est une peintre et réalisatrice canadienne, née à Toronto le 30 juin 1931 et décédée le 27 juin 1998.
