Interface + Images du monde et inscription de la guerre
Harun Farocki est l'une des figures majeures du film-essai des dernières décennies. Son cinéma ambitieux offre aux spectateurs un voyage en profondeur dans l'histoire des images en mouvement et des médias, en proposant une analyse de celles-ci parfois cinglante. Son approche dépasse le champ du cinéma, embrassant aussi la littérature et les arts visuels. Ce cycle se termine avec la conférence d'ouverture d'un colloque consacré au cinéaste pour les dix ans de sa disparition.
Interface a été développée à partir d'une installation pour deux écrans. En réfléchissant sur le propre travail documentaire de Farocki, elle examine ce que cela signifie de travailler avec des images existantes plutôt que de produire soi-même de nouvelles images. Le titre joue sur le double sens du mot « Schnitt », qui fait référence à la fois au lieu de travail de Farocki, la table de montage, ainsi qu'à l' « interface homme-machine », où une personne manipule un ordinateur à l'aide d'un clavier et d'une souris. (3sat, 1995)
Après être devenu l'objet de réflexion favori de tous les ciné-clubs étudiants sur les médias et la guerre moderne à l'ère des bombes intelligentes et de l'opération Tempête du désert, Images du monde et inscription de la guerre est rapidement devenu un classique : le film de référence, le point d'ancrage des séminaires sur Paul Virilio, sur le film-essai en tant que genre documentaire hybride, mais politiquement subversif, sur les « limites de la représentation » après Auschwitz et La liste de Schindler, ainsi que – il faut le redécouvrir après le 11 septembre – le film de référence sur le terrorisme. (Thomas Elsaesser)
Harun Farocki
Né Harun Faroqhi en 1944 à Neutitschein, en Bohême-Moravie (dans l’actuelle République tchèque), d’un père immigré d’Inde et d’une mère allemande, Farocki a grandi entre l’Inde et l’Indonésie durant l’après-guerre, avant que sa famille ne se réinstalle en Allemagne à la fin des années 1950. Influencé par Bertolt Brecht, Theodor Adorno et Jean-Luc Godard, il étudie à l’Académie allemande du film et de la télévision de Berlin et commence à réaliser ses premiers films dans les années 1960. Il se tourne d’emblée vers la forme de l’essai, du documentaire expérimental et de l’installation pour s’interroger sans relâche sur le poids politique des images. Il a également été l’éditeur de la revue Filmkritik et a enseigné à l’Université de Californie à Berkeley puis à l’Académie des beaux-arts de Vienne.