Dossier

Après neuf minutes de bruits de train, Joyce Wieland et Wendy Michener entonnent un joyeux mélange de chansons. Entre deux plaintes sur la température dans le wagon, les amies chantent en chœur leur version unique de « Ô Canada », « The Stars and Stripes Forever » et bien plus. (Vanessa Meyer)

Joyce Wieland et Wendy Michener déambulent dans le train et lient conversation ici et là avec des passagers. Il n’est pas facile de déterminer l’emplacement exact du train, mais il a en tout cas à son bord des personnes fort aimables qui montrent à Joyce et Wendy les visages qui se dessinent dans les montagnes. Cet extrait sonore est l’enregistrement sensoriel d’un après-midi dans un train. (Vanessa Meyer)

Wendy Michener interviewe Joyce Wieland alors que les deux amies se promènent nonchalamment dans la Galerie d’art de Vancouver, pendant qu’on apporte les dernières touches à la rétrospective de l’artiste (1957-1967). Elles discutent de différents aspects du travail de Joyce au cours des années. Avec pour fond sonore des claquements de talons sur le sol du musée, Wendy interroge Joyce sur son choix de la couleur rouge et sur sa fascination pour les thèmes religieux. Joyce parle d’un petit croquis qu’elle a fait pour une murale sur le thème de la pollution présentée au Musée des beaux-arts de l’Ontario, expliquant que cette pièce disait tout ce qu’elle voulait dire sur le sujet. Tout en continuant de déambuler dans la galerie, Joyce remarque qu’elle n’arrête pas d’offrir gratuitement ses peintures. Elle plaisante sur l’idée de créer un livre sur l’exposition de Vancouver, qui pourrait potentiellement lui rapporter des millions. Elle explicite ensuite la manière dont elle perçoit son travail en relation avec celui des artistes qui l’inspirent (comme Joan Miró) et décrit son sentiment d’« incarner les artistes qu’elle admire ». Tout en flânant dans la galerie, Wendy et Joyce abordent une variété de sujets : les pique-niques, l’herbe, les drapeaux, les mandalas, les bandes dessinées, le Canada et le LSD – à l’image des nombreux thèmes et inspirations qui ont nourri l’œuvre de Joyce. (Vanessa Meyer)

Dans la deuxième partie de l’interview ambulante entre Wendy et Joyce à la Galerie d’art de Vancouver, l’artiste commente certaines de ces anciennes œuvres et affirme qu’elles lui semblent aujourd’hui complètement différentes. Les deux femmes s’arrêtent un moment pour parler des paysages urbains que Joyce a peints à l’intérieur des pièces de maisons miniatures. Wendy remarque un petit chien dans l’une d’elles et souligne que Joyce inclut souvent des chiens dans ses œuvres. Puis elle enchaîne sur le penchant plus célèbre de l’auteure pour les voiliers et interroge son amie sur l’origine de cette obsession. Cette dernière réplique qu’elle n’en sait rien et qu’elle n’est en fait jamais montée à bord d’un voilier. Selon elle, les voiliers au milieu de mers houleuses représentent surtout la nécessité pour elle de « garder la tête hors de l’eau » et ne sont pas si intéressants en eux-mêmes. Évoquant malicieusement les joyeux mouvements de va-et-vient des voiliers, les jeunes femmes font des allusions de nature sexuelle qui les mènent à discuter de l’usage répété de symboles phalliques et de fleurs dans l’œuvre de Joyce. Pour terminer, alors qu’elle aborde son utilisation des vêtements et des tabliers, Joyce établit une distinction intéressante entre le sculpteur Claus Oldenburg et elle-même : s’il a travaillé sur des concepts similaires, ses œuvres étaient géantes, tandis que les siennes sont volontairement petites et centrées sur les thèmes de la nostalgie et de la vie de famille. (Vanessa Meyer)