Elvis Gratton : le king des kings + Speak White
Si Julien Poulin était conscient qu'il allait être associé à Elvis Gratton toute sa vie, il a néanmoins fait preuve de polyvalence, de sensibilité et d'une force tranquille, imposant l'ampleur de ses talents dans toutes les productions auxquelles il a collaboré, et ce, du comique au dramatique. La Cinémathèque québécoise propose de prendre la mesure de l'acteur qui s'est éteint en janvier, depuis Elvis Gratton, le king des kings jusqu'à Camion, en passant par le court métrage Speak White, réalisé avec son complice Pierre Falardeau. La projection de Camion sera commentée par le réalisateur Rafaël Ouellet.
En présence de Manon Leriche et de Denise Mercier, interprète de la légendaire Linda
Sur un poème de Michèle Lalonde, se déroule un montage de photos dénonçant l'impérialisme économique et culturel des classes dominantes et l'exploitation de l'homme par l'homme.
Conservé dans nos collections
Elvis Gratton est possiblement le plus grand mythe comique de l’histoire du cinéma québécois, l’archétype même du colonisé culturel. Créé dans le court métrage réalisé par Falardeau et Poulin en 1981 (dans la foulée du référendum de 1980), le personnage réapparait dans Les vacances d’Elvis Gratton, terminé en 1983. Elvis Gratton : le king des kings est un long métrage constitué de ces deux premiers courts métrages et d’une troisième partie tournée pour l’occasion.
Pierre Falardeau
Pierre Falardeau est un cinéaste, écrivain, pamphlétaire et militant indépendantiste québécois. Il réalise son premier film, le court métrage Continuons le combat, en 1971. Au cours des années 1970, il collabore avec son ami et comédien Julien Poulin pour la réalisation de plusieurs documentaires : À mort (1972), Les Canadiens sont là (1973), Le magra (1975), À force de courage (1977), Pea Soup (1978), contenant la fameuse scène du PFK Kid, et Speak White (1980). Constatant que le documentaire est peu regardé au Québec, il se tourne vers la fiction avec la série Elvis Gratton, mettant en scène un admirateur d'Elvis Presley, caricature de la petite bourgeoisie canadienne-française fédéraliste et colonisée. Compilant trois courts métrages réalisés entre 1981 et 1985, le film Elvis Gratton : le King des Kings et son personnage principal s’inscrivent instantanément dans le folklore québécois. Le film demeure aujourd'hui une œuvre marquante de la cinématographie québécoise qui donnera naissance à deux suite : Elvis Gratton II : Miracle à Memphis (1999) et Elvis Gratton XXX : la vengeance d'Elvis Wong (2004). Entre temps, Falardeau réalise surtout des longs métrages de fiction; des films plus dramatiques tels que Le Party (1989), Le Steak (1992), Octobre (1994) et 15 février 1839 (2001).
Photo : Collections de la Cinémathèque québécoise
Julien Poulin
Julien Poulin est un acteur, réalisateur, scénariste, monteur, compositeur et producteur québécois. Jeune, il s’inscrit à des cours intensifs de théâtre et, dès 1960, décroche de petits rôles dans diverses productions. Il joue au sein d’une troupe de théâtre ambulant pour les jeunes de Montréal dirigée par Paul Buissonneau, puis cofonde le Groupe de la Veillée en 1974 avec d’autres jeunes comédiens, dont Gabriel Arcand et Marie Eykel. Il est également metteur en scène pour plusieurs spectacles dans les années 1970 et 1980. Julien Poulin fait ses débuts au cinéma en 1973 dans Réjeanne Padovani de Denys Arcand. Au tournant des années 1980, il co-réalise avec son ami Pierre Falardeau les courts métrages politiques Pea Soup (1979) et Speak White (1980). C’est avec ce dernier qu’il crée l’iconique personnage d’Elvis Gratton, caricature acerbe d’un Québécois fédéraliste colonisé, qu’il incarne à l’écran dans l’œuvre éponyme composée de trois courts métrages co-réalisés avec Falardeau. Elvis Gratton : le king des kings aura deux suites au cinéma et donnera naissance à une série télévisée. Au cours de sa carrière, Poulin tourne dans de nombreux films, tant pour Falardeau que pour d’autres. En 2000, il remporte le Jutra du meilleur acteur de soutien pour son rôle dans Le dernier souffle de Richard Ciupka, puis est sacré meilleur acteur en 2013 pour son rôle dans Camion de Rafaël Ouellet. Il fait sa dernière apparition à l’écran en 2022 dans Arsenault & fils, du même réalisateur.
Photo : Collections de la Cinémathèque québécoise
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