Iran, l'utopie en marche
Connue pour le travail remarquable qu'elle a réalisé sans relâche de 1974 à 1982 en termes de couverture documentaire de la guerre civile libanaise, Jocelyne Saab ne s'est pas arrêtée aux frontières de son pays. Éduquée dans l'idéologie panarabe par son père, elle fait partie d'une génération héritière des luttes d'indépendance conduite après la Seconde Guerre mondiale. Alors que les revendications des peuples opprimés continuent de se faire entendre, alors qu'au Liban la lutte progressiste propalestinienne subit des revers dans le conflit qui déchire le pays, Saab part documenter d'autres luttes. En Égypte d'abord, qu'elle connait déjà bien et où elle part documenter les lendemains de la révolte du pain de janvier 1977, qui a conduit le gouvernement de Sadate à reculer devant la colère populaire. Dans le Sahara occidental ensuite, où les membres du Front Polisario ont déclaré un an auparavant l'indépendance de la République Sahraouie. En 1981, deux ans après la révolution, c'est en Iran qu'elle se rend pour documenter l'évolution du pays et des mentalités. Lorsqu'elle quitte le Liban dans les années 1980, c'est à nouveau en Égypte qu'elle part filmer la société et sa transformation au travers d'une série de films destinés à la télévision française.
Le cycle Jocelyne Saab, hors frontières nous offre cette circulation internationale dans cette région du Maghreb et du Moyen-Orient qui fascinait la cinéaste et qui façonnait son idéal politique.
Programmatrice invitée : Mathilde Rouxel
La Révolution iranienne a conduit à la chute du Shah et à l’installation d’une République islamique. Ce film a pris le parti de s’écarter de l’actualité la plus brûlante pour tenter de cerner, à travers l’ensemble de la société, ce que représentait cette vague qui allait déferler sur le monde musulman.
Jocelyne Saab
Jocelyne Saab est une réalisatrice, photographe et plasticienne franco-libanaise. Elle fut l’une des cinéastes les plus importantes du nouveau cinéma libanais. En tant que journaliste indépendante pour des chaînes de télévision européennes, nord-américaines et japonaises, elle réalise de nombreux films documentaires sur la guerre du Liban, la guerre d’Irak, le Kurdistan, l’Iran, la Syrie, le Golan, le Sahara occidental, les conséquences du conflit Israëlo-palestiniens et l’Asie, notamment au Vietnam. En moins de trente ans, Jocelyne Saab réalise un total de trente documentaires, mais aussi des fictions et un grand travail photographique. Une de ses œuvres de fiction, Dunia, fait scandale lors de sa présentation au Festival du Caire, en 2005, et est censurée à sa sortie dans les salles égyptiennes.
Parallèlement à son travail de cinéaste, Jocelyne Saab se met à photographier. En 2008, elle publie son livre Zones de guerres qui rassemble ses photographiques et témoigne de cinq décennies de conflits dans le tiers-monde et au Moyen-Orient. Elle expose une autre série de cent photographies nommées Sense, Icons and Sensitivity dans plusieurs pays. Elle réalise une dernière série photographique et deux vidéos d’art en 2016, nommées One Dollar a Day.