La coquille et le clergyman + La souriante madame Beudet
Dresser des listes est une activité dont sont friands les cinéphiles. Tous les ans, ce même rituel : compilation des dix meilleurs films, avec analyses comparées, débats, discussions enflammées. Mais qu’en est-il de la liste ultime des films les plus marquants de l’histoire du cinéma? C’est-à-dire ces films qu’il faut avoir vus, ceux qui ont transformé à jamais l’art du cinéma, mais aussi notre manière de voir une culture, d’appréhender le monde autant que sa propre vie? Ce programme fait le pari de répondre en partie à ce défi avec près de quatre-vingts films, produits entre 1916 et 1960, en attendant vos listes!
Les Beudet forme un couple mal assorti. Lui est brutal et violent, elle cherche la liberté qu'elle désire dans le rêve. D'après une pièce de Denys Amiel.

Le moins connu des films surréalistes, La coquille et le clergyman a néanmoins été le premier à trouver un écran. Tourné à partir d’un scénario d’Antonin Artaud, il fut par la suite renié par lui. Cela fut d’ailleurs à l’origine d’une émeute menée par une escouade surréaliste à la tête de laquelle se trouvait André Breton, lors de sa première au Studio des Ursulines, à Paris, le 9 février 1928.
Toutefois, plusieurs travaux d’historiens, analysant leur correspondance mutuelle, montrent le contraire. La cinéaste a plutôt respecté, presqu’à la lettre, toutes les indications de l’écrivain-acteur. Même plus, leurs échanges avant et durant le tournage semblent plutôt menés sur un ton fort constructif. Le seul hic étant que le scénariste n’aura pu venir sur le plateau de Dulac, ayant accepté de jouer dans La Passion de Jeanne d’Arc de Dreyer dont le tournage eut lieu simultanément.
Reste l'apport indéniable de talent de Germaine Dulac, cinéaste française qui jouissait à l'époque d'une grande notoriété, appliquant les préceptes d’Artaud pour en faire, envers et contre tous, un véritable film surréaliste.
