La guerre des deux ans
Jocelyne Saab avait déjà couvert la guerre d'Octobre et la guerre au Kurdistan quand elle décide de rentrer au Liban documenter l'escalade de violence qui a conduit à une guerre civile qui a duré quinze ans. De 1974 à 1982, Jocelyne Saab filme les murs en ruines de la Beyrouth de son enfance et la lutte des civils pour leur dignité. Elle construit peu à peu un langage cinématographique où le politique tire sa force dans la poésie du geste, pour dépasser l'horreur de la mort et l'absurdité d'un conflit fratricide. Après une douzaine de films sur le sujet, elle accompagne en 1982 le départ des Palestiniens du Liban après le siège de Beyrouth-Ouest. Elle tourne elle aussi le regard vers d'autres horizons : après cette grande défaite, elle n'a plus vu Beyrouth que par le prisme de la fiction.
Quelques jours après le massacre de la Quarantaine, dans un bidonville à majorité musulmane de Beyrouth, Jocelyne Saab suit et rencontre les enfants rescapés, marqués par les visions horribles des combats qui se sont déroulés sous leurs yeux. En leur offrant des crayons pour dessiner et en les engageant à jouer sous l'?il de sa caméra, la réalisatrice se retrouve face à un constat amer : ils ne connaissent plus d'autre jeu que celui de la guerre, qui, rapidement, devient pour eux aussi un métier.
Le cessez-le-feu du 21 octobre 1976 permet aux fédayins de revenir dans ce Fatah’s land du Sud Liban, pour reprendre aux miliciens de droite une région abandonnée en 1970. Mais Syriens et Israéliens s’unissent pour neutraliser cette "force autonome" que représentent les Palestiniens et font subir à deux villages frontaliers libanais, Hanine et Kfarchouba, un blocus, avant de les attaquer.
Après une année de conflit sanglant, Beyrouth est divisée en deux. Jocelyne Saab se promène dans la ville à l'heure où les milices sont au repos, et filme de sa ville ce qui tente de survivre.
Portrait de Raymond Eddé, candidat aux élections présidentielles et fervent opposant à la guerre de religion. Pendant les conflits de 1975-1976, il avait activement recherché, avec son équipe, les personnes tuées pendant la guerre, qu'elles soient chrétiennes, druzes ou musulmanes.