Les maudits
Le recueil Lumières vives (éditions Boréal, automne 2022) contient de nombreux textes publiés dans le journal de Saint-Hyacinthe Le clairon, à un moment où René Lévesque était journaliste et aussi critique de cinéma. Ces articles passionnants ont passé l'épreuve du temps et permettent de découvrir un auteur clairvoyant, n'hésitant pas à en découdre s'il le faut et à porter aux nues, comme il se doit. La programmation permet de redécouvrir les films de 1948 qui ont marqué ce spectateur hors du commun.
En 1945, alors que le 3e Reich est à l'agonie, un groupe de nazis et de sympathisants tente de rallier l'Amérique du Sud par sous-marin. Les fuyards se sont assurés par la force le concours d'un jeune médecin. Pour tous les passagers - du chef de la Gestapo au couple d'industriels italiens, du journaliste compromis au savant collaborateur - l'odyssée finira mal. Le médecin va se retrouver seul sur le navire, heureux d'être recueilli par les Américains.
René Clément
René Clément est le seul réalisateur français à avoir remporté deux fois l'Oscar du meilleur film en langue étrangère, pour Au-delà des grilles (1951) puis pour Jeux interdits (1953). Il réalise son premier film, César chez les Gaulois, un dessin animé, en 1931. En 1934, il rencontre Jacques Tati et commence à travailler avec lui. Il fait son service militaire au Service cinématographique de l’Armée. Il réalise son premier court métrage avec Jacques Tati, une comédie légère, Soigne ton gauche en 1936. En 1937, il voyage avec l’archéologue Jules Barthoux au Yémen pour tourner un documentaire. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il continue à se consacrer aux documentaires. Ceux du rail, un court métrage sorti en 1943 intéresse la coopérative générale du cinéma français qui le choisit pour réaliser La Bataille du rail. Un an plus tard, ce premier long métrage sorti en salles connait le succès, ce qui lance la carrière de René Clément. Le film met en scène la résistance des cheminots pendant l’Occupation allemande, valant à son auteur le prix du jury au festival de Cannes de 1963. Clément devient alors l'un des metteurs en scène français les plus en vue de l’après-guerre. Six ans plus tard son probable plus gros succès, Jeux interdits (1952) remporte le Lion d'or à Venise et l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. Sa réputation s'étend notamment aux États-Unis où il trouve certaines de ses têtes d’affiches comme Jane Fonda pour Les Félins (1964), Charles Bronson pour Le Passager de la pluie (1969) ou Faye Dunaway pour La Maison sous les arbres (1971). Il reste, à ce jour, le cinéaste français le plus primé du festival de Cannes avec cinq récompenses obtenues entre 1946 et 1954.