No Place like Home - Les films de Louise Bourque (partie 1)
Ce mois-ci, nous présentons deux séances de cinéma expérimental à l'occasion de la parution du livre Expanded Nature : Ecologies du cinéma expérimental sous la direction de Elio Della Noce et Lucas Murari aux Light Cone Editions. La première réunit des cinéastes qui, alors que notre époque est marquée par l’ampleur des actions humaines sur le reste du vivant (l’Anthropocène), s’engagent dans des pratiques écologiques qui tendent à un décentrement du privilège attribué à l’humain. La seconde est l'occasion de découvrir l'ensemble des films d'Emmanuel Lefrant, le directeur de Light Cone, qui collabore régulièrement la Cinémathèque québécoise.
Présenté en collaboration avec Leadership for the Ecozoic, Critical Media Lab (McGill Anthropology Department), Hors Champ et Visions
« Dans Just Words, Bourque intercale des séquences de sa mère et de ses sœurs avec avec une interprétation par l'actrice Patricia MacGeachy de Not I de Samuel Beckett. Le résultat est troublant (comme tout Beckett) mais touchant (comme certains Beckett ne le sont pas). »
Jay Scott, The Globe and Mail, 1992
Un film sur l'oubli et le souvenir, sur les présences passées et les traces qu'elles laissent.
Rentrer à la maison.
Le tourbillon d'une enfance sans abri.
« Dans Imprint, Louise Bourque se concentre de façon obsessionnelle sur des images amateurs de sa maison de famille, à l’air sombre et étouffant, ce qui transparait presque à travers l’écran; elle réutilise les images qu’elle transforme à plusieurs reprises – tintées, décolorées, en partie grattées – comme pour attaquer l’endroit, de sorte que l’obscurité devient lumière. »
Fred Camper, The Reader, Chicago, 16 avril 1999.
Un film engagé, anti-fleur bleue, qui célèbre le fécond et le féroce des forces de la nature réinventant leur rapport au féminin. Des images d’arbres en fleurs mises à tremper dans le sang menstruel durant plusieurs mois subissent une gestation de putréfaction dont les ravages viscéraux engendrent une beauté à la fois sombre et luminescente, leur donnant la splendeur baudelairienne “informe et multiforme”* de “fleurs monstrueuses”.
Les images d'un Houdini enchaîné qui tente de se libérer : le bégaiement des arrêts et des départs de ses actions, le contraste élevé des images, l'effet stroboscopique créé par le rythme d'ouverture et de fermeture de l'obturateur, les entailles dans l'émulsion dues au traitement manuel, le tout combiné à la bande sonore multicouche, évoquent la violence d'une âme torturée en quête d'évasion.
Initialement pensé comme un document de travail pour réaliser a little prayer (H-E-L-P), le film est un transfert 35mm développé à la main à partir de chutes d’archive d’Houdini enchaîné.
« La figure maternelle revisitée - un thème récurrent dans mon travail. Une détérioration du celluloïd qui aborde la qualité éphémère du moment capturé (le présent) tout en révélant le pouvoir insistant de la présence humaine, même dans l'état le plus détérioré. L'image de la mère est comme un fantôme que l'on ne veut pas laisser partir. Une complainte sur l'inévitable perte de lisibilité. »
- Louise Bourque
« Une statue de la Madone provenant de la maison où j'ai grandi, prend une apparence étrange, comme en réponse à une incantation (une prière souvent répétée de mon enfance). »
- Louise Bourque
La maison explose ; la scène du crime ; le noyau. Un univers s’écroule : le chaos se répand.