No Place like Home - Les films de Louise Bourque (partie 2)
Ce mois-ci, nous présentons deux séances de cinéma expérimental à l'occasion de la parution du livre Expanded Nature : Ecologies du cinéma expérimental sous la direction de Elio Della Noce et Lucas Murari aux Light Cone Editions. La première réunit des cinéastes qui, alors que notre époque est marquée par l’ampleur des actions humaines sur le reste du vivant (l’Anthropocène), s’engagent dans des pratiques écologiques qui tendent à un décentrement du privilège attribué à l’humain. La seconde est l'occasion de découvrir l'ensemble des films d'Emmanuel Lefrant, le directeur de Light Cone, qui collabore régulièrement la Cinémathèque québécoise.
Présenté en collaboration avec Leadership for the Ecozoic, Critical Media Lab (McGill Anthropology Department), Hors Champ et Visions
Rentrer à la maison.
Le tourbillon d'une enfance sans abri.
Un espace clos, une lutte contre les contraintes de l'isolement personnel explorée à travers un récit fracturé. Un homme vivant dans une chambre louée délabrée dans une auberge touristique voyage à travers son ivresse, ses souvenirs et ses fantasmes, transcendant les limites du temps et de l'espace, qui s'entremêlent soudainement. Un film sur la perte et l'absence.
Le film explore la dynamique d'une famille en situation de crise et interroge le rôle de la dévotion religieuse dans la perpétuation du dysfonctionnement par le refuge qu'elle offre. Entièrement tourné dans une maison dont on ne voit jamais l'extérieur, le film explore le concept de la demeure familiale en tant que lieu qui nous habite (ou qui nous hante) et explore l'espace physique en tant que métaphore d'un espace psychologique intérieur. Les différents éléments du film sont utilisés de façon expressive et poétique et œuvrent ensemble de manière à créer un univers claustrophobique, à la fois plausible et artificiel, où s'enchevêtrent la mémoire, l'imaginaire et le rêve, un lieu de tension entre l'harmonie et le chaos. Le texte de la voix off est tiré du catéchisme.
Films de famille tournés sur le plateau de tournage de The People in the House.
Punk rock, animation directe
Rooftop Song fait partie d'un ensemble de trois vidéos réalisées à l'hôtel Lenox de Buffalo, dans l'État de New York.
Une capsule témoin révélée par des images de la cinéaste – un « cadavre exquis » auquel la nature s’associe. Bourque a enterré au hasard des chutes de ses trois premiers films (mises en scènes portant sur sa famille) dans le jardin de sa maison familiale (contigu à un ancien cimetière) avec les intentions ambivalentes de les sauvegarder et de les entreposer (elle était en train de déménager). En observant les images cinq ans plus tard, elle découvre que des images d’elle-même figurent sur le matériel notamment sur les négatifs de son premier film. Cette découverte arrive comme un cadeau du ciel et provoque la fabrication de ce film, un pas de deux métaphysique dans lequel la décomposition domine l’image et engendre une transmutation à travers le processus.
Tourné à la première personne, ce film expérimental explore les ramifications d'une rupture amoureuse dévastatrice.
« Dans les films de famille, les signes de la main adressent au futur spectateur un 'au revoir' constant. Pourtant, lorsque le film est projeté, les personnes qui font signe semblent envoyer un "bonjour" du passé vers le présent. Ce film est un hommage à l'homme derrière la caméra, mon père, la personne qui a capturé ces moments fugaces. » (Louise Bourque)