Stromboli
Lointaines et mystérieuses, hostiles ou voluptueuses, microcosmes infernaux ou mondes rêvés, les îles ont toujours éveillé l’imaginaire des cinéastes. Isolées par nature, elles sont bien souvent des lieux de perdition, de façon métaphorique ou littérale, propices à l’errance, à l’introspection et à l’oubli. Circonscrites par les eaux, elles sont le décor idéal de huis clos et d’aventures intenses où la mise en scène se plie aux contraintes géographiques. Alors que bien des îles réelles sont aujourd’hui en voie de perdition, nous vous proposons de revisiter quelques îles de fiction sur le rivage desquelles le cinéma s’est merveilleusement échoué.
Italie, 1945. Karen, une réfugiée lituanienne, est enfermée dans un camp de prisonniers pour avoir été la maîtresse d'un officier allemand. Afin de quitter le camp, elle accepte les avances d'un jeune italien, Antonio, qui la courtise à travers les grillages. Elle l'épouse et le suit dans son village de pêcheurs natal, sur l'île de Stromboli. Mais elle y étouffe très vite, écrasée par le poids des différences culturelles, de la méfiance des habitants, des superstitions locales et de la présence menaçante du volcan.

Roberto Rossellini
Roberto Rossellini est l'un des réalisateurs les plus importants de l'histoire du cinéma italien, qu'il a contribué à faire connaître au monde entier avec des films tels que Rome, ville ouverte (1945), Païsa (1946) et Allemagne année zéro (1948), faisant de lui l'un des pères du néoréalisme. Issu d’une famille bourgeoise romaine, Rossellini a grandit dans une atmosphère artistique et culturelle. Son père, constructeur du premier cinéma de Rome, lui permet d’assister à de nombreuses projections dès son plus jeune âge. Après quelques courts métrages, il réalise ses trois premiers longs métrages, Le navire blanc (1941), Un pilote revient (1942) et L'homme à la croix (1943) formant sa Trilogie fasciste. Son film Rome, ville ouverte (1945), tourné alors que le régime fasciste prend fin, remporte le Grand Prix (Palme d'or) du Festival de Cannes en 1946. Il enchaîne avec Païsa, tourné avec des acteurs non-professionels, puis Allemagne année zéro (1948), qui obtient le Grand prix et le Prix du meilleur scénario au Festival de Locarno. À la fin des années 1940, après avoir reçu une lettre d'Ingrid Bergman, les deux commencent une histoire qui les propulse sous les feux de la rampe. Ensemble, ils travailleront sur plusieurs films dans les années 1950, dont Stromboli, leur première collaboration. Rossellini poursuivra sa carrière de cinéaste jusqu'au milieu des années 1970, peu avant sa mort.
