3 films de Michael Snow
Cinéaste expérimental fasciné par la disparition dans l'infini détail, par la désorientation dans l'infiniment grand. Il a repoussé les limites du cinéma sans trop s'en formaliser, autant préoccupé par les formes (en plasticien accompli) que par les sons (c'était un musicien expérimental avec un penchant pour le free-jazz). La Cinémathèque québécoise conserve certains de ses films-phares, dont La région centrale que nous allons présenter.
Sur une musique improvisée de ses amis Albert Ayler, Don Cherry, John Tchicai, Roswell Rudd, Gary Peacock et Sunny Murray, Snow trace des portraits. « Des illusions de distances, des durées, des degrés, des divisions d'antipathies, des polarités, des ressemblances, des compliments, des désirs. » (M. Snow, 1975)

Un voyage à travers une vaste pièce et son mobilier, grâce à un objectif unique à foyer variable.
« La première fois que j'ai vu le film, j'étais totalement dépassé. J'avais la sensation d'être à l'intérieur d'un espace sculpté, dans le mouvement, sans que moi-même je ne bouge. » (Stephen Dwoskin, 1975)

L'utilisation par Snow du travelling dans 'Breakfast (Table Top Dolly)' souligne de manière vivante - et comique - les effets physiques du mouvement de la caméra vers l'avant, contrairement aux effets purement optiques du zoom dans 'Wavelength'. Dans 'Breakfast', la caméra se dirige vers une nature morte désordonnée composée d'éléments de petit-déjeuner et pousse lentement les objets le long de la table jusqu'à ce qu'ils basculent, tombent ou s'écrasent contre le mur au bout de la table.

Michael Snow
Né en 1928 à Toronto, Michael Snow débute une carrière dans les films publicitaires dans les années 1950, après des études en arts visuels. Il commence en parallèle à produire et réaliser quelques films expérimentaux, avant de s'installer à New York avec sa compagne, l'artiste et cinéaste Joyce Wieland, au début des années 1960. Il participe alors à l'effervescence du cinéma expérimental caractérisant la scène new-yorkaise de l'époque. Rapidement associé au cinéma «structurel» théorisé par P. Adams Sitney, il fréquente aussi la scène du free-jazz en compagnie de son compatriote Paul Bley. Après Wavelenght, considéré comme son chef-d'oeuvre, il produit et réalise au Québec le film La région centrale, véritable tour de force. Tourné au nord de Sept-Îles, il filme sous tous ses angles un paysage sans trace de vie humaine. Cette oeuvre exceptionnelle est conservée à la Cinémathèque québécoise. La part cinématographique de l'oeuvre de Snow est importante, mais c'est aussi un plasticien, musicien et artiste conceptuel de notoriété internationale. Il est décédé en janvier 2023.
