A Page of Madness
Garder vivant le cinéma muet, montrer les films de l'époque à la vitesse juste et dans leur format d'images d'origine et demander à un pianiste de les accompagner avec respect, tout ceci fait partie du travail normal d'une cinémathèque. Mais au moment où l'électronique propose aux cinéastes de nouvelles façons de fabriquer leurs images, il est encore plus pertinent de rappeler périodiquement combien étaient éloquentes les images de l'époque dite muette de l'histoire du cinéma. Le cinéma muet est donc une composante essentielle de la programmation de la Cinémathèque. Et il n'est pas mauvais de se rappeler que ce sont ces œuvres et ces cinéastes qui ont permis le cinéma moderne, sans compter qu'il est toujours agréable de pouvoir retrouver pour quelques heures l'époque des images qui parlent.
Accompagnement au piano par Gabriel Thibaudeau et au violon par Silvia Mandolini
Le gardien d'un asile veille sur sa femme qui est l'une des patientes. Lorsque leur fille vient annoncer ses fiançailles, différents souvenirs émergent du passé, les événements se précipitent et le chaos s'empare des lieux. Créé en 1926 par un groupe d'artistes d'avant-garde japonais, A Page of Madness a été perdu pendant 45 ans avant d'être redécouvert par Kinugasa au fond de son jardin. Sa facture radicale l'a depuis hissé au rang de chef d'œuvre du cinéma muet.
Teinosuke Kinugasa
Teinosuke Kinugasa est un réalisateur, scénariste et acteur japonais. Il commence sa carrière comme acteur onnagata (terme désignant un homme qui interprète des rôles féminins) au théâtre kabuki, puis au cinéma à la Nikkatsu. Alors que les Japonais commencent à utiliser des actrices dans les années 1920, il rejoint la société de production de Shōzō Makino comme réalisateur avant de devenir indépendant et de réaliser son film le plus connu, A Page of Madness (1926). Perdu pendant 45 ans, le film est retrouvé par Kinusaga lui-même en 1971. Il est de nos jours considéré comme un chef d’œuvre du cinéma muet mondial. Le cinéaste réalise aussi le film Crossroads en 1928. Il tourne ensuite principalement des jidai-geki à la Shochiku, où il aide à lancer la carrière de Kazuo Hasegawa. En 1953, il s'installe à Hollywood afin d'étudier de près les différents procédés couleurs et les vertus de l'écran panoramique. Il tourne le premier film couleur de la Daiei, le drame historique Gate of Hell (1953) qui remporte la Palme d’Or au Festival de Cannes 1954 et l’Oscar du meilleur film international.