Charles mort ou vif
Rock Demers a été une figure incontournable dans l’histoire du cinéma québécois depuis les années 1960, à la fois pour son implication dans la diffusion, la création et la production de films. Cofondateur de la Cinémathèque québécoise, il est surtout connu du grand public à titre de producteur pour la série qu’il a initié, les Contes pour tous. Nous voulions toutefois dans le cadre de ce programme montrer l’ampleur de son implication dans le cinéma qui dépasse les frontières canadiennes, marquée par son intérêt pour le cinéma d’auteur (il avait acheté les droits canadiens de Charles mort ou vif d’Alain Tanner, tout de suite après sa projection à Cannes), le cinéma d’animation (il a écrit le scénario de Faroun, le petit clown, réalisé par Bretislav Pojar), avec une prédilection pour les réalisateurs d’Europe centrale et de l’est (Why Havel ? de Vojtech Jasny).
La lente désagrégation de la personnalité sociale d'un industriel genevois, riche et respecté, qui abandonne ses affaires, sa famille, son milieu pour tenter de retrouver sa vérité.
Alain Tanner
Né en 1929 en Suisse, Alain Tanner étudie à l’Université de Genève, où il se passionne plus pour le Ciné-club qu’il fonde avec Claude Goretta que pour son cursus en sciences économiques. Il rejoint ensuite la marine marchande pendant deux ans, puis s’installe à Londres. Il commence alors à travailler au BFI et rencontre les documentaristes du Free Cinema, mouvement qui lui inspire son premier court métrage, Nice Time, coréalisé avec Goretta en 1957. De retour en Suisse, il fonde au cours des années 1960 l’Association suisse des réalisateurs et le Groupe 5, collectif de cinéastes qui deviennent les pionniers de la Nouvelle Vague dans leur pays. Il réalise des documentaires avant de signer son premier long métrage de fiction en 1969, Charles mort ou vif, film imprégné par l’esprit de 1968. Des années 1970 aux années 2000, Tanner tourne une vingtaine de films. En 1981, il remporte le Grand Prix du festival de Cannes avec Les années lumière.
Rock Demers
Cinéphile émerveillé, grand voyageur, Rock Demers a marqué le paysage du cinéma québécois comme celui du cinéma pour enfants. Né à Sainte-Cécile-de-Lévrard, il étudie la pédagogie à Montréal, témoignant déjà d’un intérêt pour la transmission. Il se tourne ensuite vers le cinéma et participe, dès 1963, à la fondation de la Cinémathèque québécoise auprès de Guy L. Côté. Marqué par sa découverte des cinéastes d’Europe de l’Est et sa rencontre avec Bretislav Pojar, il œuvre à la diffusion de films pour enfants en créant au milieu des années 1960 la compagnie de distribution des Films Faroun et une section jeunesse au Festival international du film de Montréal. Puis il entame une carrière de producteur avec Le martien de Noël (Bernard Gosselin, 1971). Il fonde en 1980 Les Productions La Fête, qui voit naître son projet le plus célèbre : les Contes pour tous, série de films débutée avec l’immense succès de La guerre des tuques (André Melançon, 1984). Demers ne s’en tient pas pour autant au cinéma jeunesse, produisant des œuvres telles que Pourquoi Havel? (Vojtěch Jasný, 1991) et Le silence des fusils (Arthur Lamothe, 1996).