Et au pire, on se mariera
La cinéaste Léa Pool crée depuis quelques décennies une œuvre à part dans la cinématographie québécoise. En plus de poser la question des genres depuis ses premiers films, elle affirme depuis ses débuts un regard acéré, précis sur des parcours d'individualités à la croisée des chemins, portés par des quêtes subjectives, existentielles, nourries d'un souffle narratif exemplaire et une maitrise certaine de l'image.
En présence de la réalisatrice
Et au pire, on se mariera, c’est l’histoire d’Aïcha, de ceux qui l’aiment, de cet amour qui dévore et qui détruit. Seule avec sa mère Isabelle, Aïcha ne pardonne pas à celle-ci d’avoir mis à la porte son beau-père algérien qu’elle adorait. Elle espère toujours qu’il reviendra la chercher. Lorsqu’elle rencontre Baz, un gars qui a le double de son âge, c’est le coup de foudre, le vrai, le fort, celui qui fait mal. Lui ne veut qu’aider cette jeune fille qui semble perdue mais elle désire bien plus de lui et elle est prête à tout pour l’obtenir. Suivre Aïcha, c’est entrer dans un labyrinthe pour s’y perdre autant qu’elle...
Léa Pool
Léa Pool naît et grandit en Suisse avant d’émigrer au Québec en 1975 à l’âge de 25 ans. Après des études en communication, elle enseigne le cinéma et la vidéo à l’UQAM tout en réalisant des émissions et ses premiers films. Aussi bien appréciées par le public que par la critique, les œuvres qu’elle signe dans les années 1980 (Strass Café, La femme de l’hôtel, Anne Trister, À corps perdu), se démarquent dans les festivals internationaux et témoignent déjà des thèmes de prédilection de la cinéaste : quêtes de sens individuelles, trajectoires féminines, relations intimes… Son travail de fiction des années 1990 confirme sa place dans la cinématographie québécoise tandis qu’elle se tourne également vers le cinéma documentaire. Au cours des deux dernières décennies, Léa Pool a réalisé plusieurs coproductions internationales, ainsi que son plus grand succès public : La passion d’Augustine (2015). Son œuvre a régulièrement été mise à l’honneur à travers le monde, lui valant des distinctions prestigieuses.
Photo : Monic Richard
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Léa Pool : celle qui s'est réinventée en devenant cinéaste
Peu de femmes étaient réalisatrices au Québec quand Léa Pool a fait ses débuts. Elle dit n'avoir jamais fait de cette féminité un moteur ni y avoir vu un frein, mais elle a construit patiemment une œuvre rendant hommage aux femmes à travers des relations mères-filles complexes. Rencontre avec celle dont l'enfance douloureuse a fini par être cicatrisée par le cinéma.