La grande bouffe
Profitons de cette période de Pâques, avec ses nombreuses traditions culinaires, pour explorer un filon de cinéma alléchant : les films qui mettent à l’honneur les victuailles, ceux qui les préparent et ceux qui les dévorent. Gargantuesque ou raffinée, au restaurant ou dans l’intimité, la nourriture est un terrain de jeu jubilatoire pour le cinéma. Tour à tour rassembleuses, outrancières, virtuoses ou explosives, les scènes de repas et de cuisine offrent en effet le cadre parfait pour parodier ou bousculer les relations humaines.
Quatre amis s'enferment tout un week-end à la campagne et organisent une bouffe gigantesque. Ce film très controversé a déchaîné les foules du Festival de Cannes en 1973. Dans le quatuor qu'il forme avec Mastroianni, Tognazzi et Piccoli, Noiret, en petit magistrat de province romantique, demeure très à l'aise dans un registre où l'on ne l'attendait pas. « J'aimais tellement ce scénario touchant, tendre et désespéré, avec malgré tout cette amitié qui est l'un des thèmes principaux du film, que je n'ai pas hésité malgré mon anxiété. » (P. Noiret, 1989)
Marco Ferreri
Marco Ferrera est un réalisateur, acteur et scénariste italien. Porté par l’effervescence culturelle de l’après-guerre en Italie, il vient s’installer à Rome et se lance dans la production d’une série de documentaires en demandant à divers cinéastes et scénaristes (dont Luchino Visconti, Vittorio De Sica, Federico Fellini, Alberto Moravia et Cesare Zavattini) de réaliser des films. En 1952, il est directeur de production sur le film d’Alberto Lattuada Le Manteau. Il apparaît pour la première fois à l’écran dans l’épisode* Les Italiens se retournent*, réalisé par son ami Alberto Lattuada. Son film La Petite Voiture, en 1960, triomphe au Festival de Venise 1960, et obtient à Paris le grand prix de l’humour noir. Dans les années 1970, ses films analysent les névroses qu'engendrent la productivité industrielle et l’accumulation capitaliste dans la société moderne. Il fait d’Annie Girardot un animal de cirque, doté d’un impressionnant système pileux dans Le Mari de la femme à barbe. Il demande à Ugo Tognazzi d'incarner un professeur d'éducation sexuelle dans Contre-sexe. Il transforme Catherine Deneuve en femme-chienne dans Liza. Dans La Grande Bouffe, il met en scène le suicide de quatre amis par hyper-alimentation. La présentation du film fait scandale au Festival de Cannes 1973.
