Le son du Québec, de l’Acadie et de la Louisiane
La série Le Son des Français d’Amérique est un inestimable joyau du patrimoine musical francophone d’Amérique du Nord, en plus de représenter un temps fort dans l’histoire du documentaire au Québec.
Les épisodes proposent un survol de plusieurs manifestations musicales liées à la culture orale et au fait francophone sur le continent nord-américain (Québec, Acadie, Louisiane, Missouri, Nouvelle-Angleterre, Ontario, Prairies), sans oublier les racines et influences européennes déterminantes (France [Poitou, Vendée, Bretagne], Irlande). L’œuvre aux valeurs patrimoniales et anthropologiques indéniables a été inscrite au Registre international Mémoire du monde de l’UNESCO en 2017. La Cinémathèque conservait depuis une quarantaine d’années les éléments originaux de la série, mais la restauration de ce monument de notre culture exigeait des partenaires forts possédant une grande expertise. Ainsi, depuis 2017, le cinéaste André Gladu, la productrice Anouk Brault, la Cinémathèque québécoise, Éléphant : mémoire du cinéma québécois et l’Office national du film du Canada travaillent conjointement à la numérisation et à la restauration des 27 épisodes de la série. Les éléments originaux sur pellicule 16 mm sont conservés dans les réserves des collections de la Cinémathèque, ils ont été numérisés par l’ONF et Éléphant s’est chargé de la restauration complète de la série.
Ce cycle comprendra 18 épisodes restaurés de cette série exceptionnelle réalisée entre 1974 et 1980 par André Gladu et Michel Brault.
En présence du chanteur Zachary Richard et du réalisateur André Gladu.
Ce film nous présente Philippe Bruneau, un accordéoneux dont la réputation de folkloriste professionnel a dépassé les frontières du Québec. Ardent défenseur de la musique québécoise, il nous raconte les difficultés auxquelles il a dû faire face pour développer son talent et imposer les traditions musicales québécoises, particulièrement en milieu urbain.
Ce film a été tourné dans la communauté acadienne de Chéticamp, au nord-ouest du Cap Breton. L'histoire particulière de ces Acadiens nous y est racontée d'une manière saisissante par Alexandre Boudreau, professeur à l'Université de Moncton et célèbre défenseur des droits acadiens dans les Maritimes. Le sujet est abordé par le détour de la mer et du métier de pêcheur. Dans cet endroit où le français est encore magnifiquement parlé, la tradition musicale sera surtout chantée ! Mais, isolée, quelle chance la communauté de Chéticamp a-t-elle de survivre ?
Grâce au témoignage du jeune Zachary Richard, nous comprenons mieux comment le fameux melting pot des États-Unis réussit à faire disparaître une culture en Amérique. Des milliers de jeunes Louisianais qui portent des noms francophones ne savent pourtant plus un mot de français. Certains se rendent compte de cet appauvrissement comme les musiciens du groupe Coteau ou Zachary Richard, mais, hélas ! il est trop tard. Ce qui était une culture, une manière de vivre, est peu à peu devenu un mode de vie marginal...
André Gladu
À partir des années 70, André Gladu réalise plusieurs documentaires sur le Québec et les peuples francophones d’Amérique, notamment Le reel du pendu (1971), Le son des Français d’Amérique (1974-1980) coréalisé avec Michel Brault, Marc-Aurèle Fortin (1983), Pellan (1985), Liberty Street Blues (1986) sur le jazz Nouvelle-Orléans, Gaston Miron – les outils du poète (1994). En 1987-88 il conçoit le projet de Musée de l’image en mouvement de la Cinémathèque québécoise. De 1997 à 2002, il est producteur au Studio culture et expérimentation, Programme français, de l’ONF. Par la suite à titre de cinéaste résident il crée : Tintamarre (2004) et Marron (2006). À partir de 2014, il réalise un cycle de courts métrages sur les traditions de Lanaudière : Le chant du monde (2015), Matawinie « La rencontre des eaux » (2016), L’esprit du violon Trad (2018), Excusez-là et L’autre bout du monde (2021). En 2015, il reçoit le Prix Hommages de l’Académie Charles-Cros. Le Prix du Québec Albert-Tessier pour le cinéma lui est décerné en 2018.
Michel Brault
Né en 1928, Michel Brault se consacre d’abord à la photographie. Il se joint à l’Office national du film en tant que caméraman en 1956. Il collaborera notamment à quelques films de la fameuse série Candid Eye, produite par l’équipe anglaise. Il se tourne graduellement vers la réalisation, domaine dans lequel il se distingue, à l’aide d’une caméra portable, avec laquelle il capte le paysage identitaire en mutation du Québec de la Révolution tranquille. Il tourne avec Gilles Groulx et Marcel Carrière le film fondateur Les raquetteurs en 1958. En 1963, Brault et Pierre Perrault tournent Pour la suite du monde, qui devient le premier classique du cinéma direct québécois. Il réalise aussi le film Les ordres en 1974. En plus de son travail de réalisateur, Michel Brault aura signé la direction de la photographie d’œuvres phares comme Entre tu et vous (Gilles Groulx, 1969), Mon oncle Antoine (Claude Jutra, 1971), Kamouraska (Claude Jutra, 1973) et Les bons débarras (Francis Mankiewicz, 1980). Sa carrière totalisera plus de 200 films, à titre de réalisateur ou de directeur photo.