Le traître
Parmi les cinéastes apparus en Italie au milieu des années 1960, peu sont aujourd'hui toujours en activité. Marco Bellocchio s'avère à juste titre le coureur de fond du cinéma italien : à plus de 80 ans, il est prolifique comme jamais tout en proposant l'aboutissement, la synthèse d'un type de cinéma qu'il a mis en forme six décennies plus tôt. Ses personnages, souvent servis par des acteurs remarquables, se débattent et luttent face aux tourments tout autant psychiques que politiques ou sociaux. Il en résulte des films d'une vigueur hors norme, portés par des mises en scène énergiques. À l'occasion de cette nouvelle rétrospective, nous présenterons en première québécoise Exterior Night (2022), œuvre fleuve de cinq heures et deuxième film du cinéaste consacré à l'affaire Aldo Moro qui a bousculé la vie politique italienne des années 1970.
Au début des années 1980, la guerre entre les parrains de la mafia sicilienne est à son comble. Tommaso Buscetta, membre de Cosa Nostra, fuit son pays pour se cacher au Brésil. Pendant ce temps, en Italie, les règlements de comptes s'enchaînent, et les proches de Buscetta sont assassinés les uns après les autres. Arrêté par la police brésilienne puis extradé, Buscetta, prend une décision qui va changer l'histoire de la mafia : rencontrer le juge Falcone et trahir le serment fait à Cosa Nostra.
Marco Bellocchio
Marco Bellocchio naît à Piacenza en 1939. En 1959, il interrompt ses études de philosophie à l’université catholique de Milan et s’inscrit au Centre Expérimental de Cinématographie, à Rome. Entre 1961 et 1962, il réalise les courts métrages Abbasso lo zio, La colpa e la pena et Ginepro fatto uomo et part s’installer à Londres où il fréquente la Slade School of Fine Arts. Son premier long métrage, Les poings dans les poches, primé à Locarno en 1965, lui offre une reconnaissance internationale. En 2011, il reçoit le Lion d’Or pour l’ensemble de sa carrière à la Mostra de Venise. Il a fait l’objet de dizaines de rétrospectives à travers le monde, dont celle du MoMA de New York en 2014 pour ses 50 ans de carrière, celle de la 43e édition du Festival international du Film de la Rochelle et celle du British Film Institute de Londres en 2018. Il est, depuis 2014, président de la cinémathèque de Bologne. En 2016, son film Fais de beaux rêves est en ouverture de la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes. Avec Le traître, présent en compétition officielle à Cannes en 2019, il remporte six David di Donatello et sept Nastri d’Argento. En 2021, il présente à Cannes, hors compétition, le documentaire Marx peut attendre et la même année, il reçoit la Palme d’honneur. En 2022, il est de retour à Cannes avec la mini-série Esterno notte, primée aux European Film Awards, et récompensée par quatre prix David di Donatello, l’équivalent des César italiens (meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleur maquillage, meilleur montage).
Bio : Métropole Films
Photo : Anna Camerlingo
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Marco Bellocchio, corps politiques
Corps politiques : le titre de notre cycle consacré à Marco Bellocchio souligne un motif récurrent de son cinéma. Soit la volonté de filmer les corps, des protagonistes et des acteurs, et de les placer au premier plan, en tension face à la société, aux institutions et au temps qui passe. C’est ainsi que le cinéaste parvient à articuler de façon subtile la rencontre entre les grands récits, historiques et politiques, et les petites histoires, individuelles et intimes.