Les Vidéographes : Le devoir de mémoire
En 2021, Vidéographe fête ses 50 ans d’engagement continu envers la recherche et le rayonnement de la vidéo et des pratiques expérimentales de l’image en mouvement. Toujours animé par le feu de ses fondateurs et fondatrices, Vidéographe propose une célébration traçant des ponts entre les générations d’artistes qui s’y sont rassemblé.e.s et qui sera axée sur la création, la collaboration et le partage des œuvres de sa collection.
PRÉSENTÉ PAR LUC BOURDON
Présentation de Selectovision, un programme vidéo sur demande que les téléspectateurs et téléspectatrices abonné.e.s pouvaient choisir en téléphonant à Vidéographe et qui s'inscrit dans les premières expériences de cablodiffusion au Québec.
Monseigneur Desmond Tutu, Prix Nobel de la paix et primat de l'Église anglicane sud-africaine, visitait Montréal au mois de juin 1986 au terme d'une tournée nord-américaine de sensibilisation contre l'apartheid. Le document, accompagné d'images d'archives, nous livre le vibrant appel de Mgr. Tutu en faveur de la libération du peuple sud-africain et de la dignité humaine. Un témoignage précieux qui dévoile l'irrationalité de l'apartheid, l'horreur du racisme institutionalisé d'Afrique du Sud et l'urgence d'agir pour le respect des droits humains de tout peuple.
Les 11 et 12 août 2017, une démonstration de force de groupes néo-nazis et suprémacistes blancs a lieu à Charlottesville, Virginia, pour s’opposer à l’enlèvement de la statue du général Robert E. Lee. Des affrontements violents ont laissé des morts et de nombreux blessés. Le 23 août, la mairie fait couvrir la statue de noir en signe de deuil. Le 28 août, nous partons pour la Virginie pour filmer la statue enveloppée comme point de départ d’une réflexion sur les enjeux politiques et historiques du débat qui fait rage aux USA sur le sort des statues confédérées.
Nutag-Homeland est un poème visuel et un requiem surréaliste dédié au peuple Kalmouk qui fut déporté en masse par l’URSS entre 1945-1957. Quand ils furent autorisés à rentrer dans leur patrie, la moitié d'entre eux étaient morts en exil. L’animation constituée d’images peintes à la main rappelle cet épisode de l’histoire humaine pour exemplifier le thème éternel de la diaspora et de la perte de la terre natale. En faisant référence au passé et à la perte, le film oppose une résistance critique aux conjonctures sociopolitiques de notre temps.
Dans les années 1970, une nouvelle politique d’aménagement a forcé les habitants de plusieurs villages de la Gaspésie intérieure à quitter leur lieu de vie pour se réinstaller sur la côte. Félix Lamarche explore les conséquences de cet événement brutal et déconcertant. Si l’épisode est aujourd’hui méconnu, il a profondément marqué la mémoire de ceux qui l’ont subi. Le cinéaste sauve de l’oubli leurs récits et leurs souvenirs, leur donnant corps à travers les images fantomatiques des bois, des bâtiments et des paysages auxquels ils ont été arrachés. L’approche expérimentale, avec sa texture granuleuse et sa présence insaisissable, devient ici la seule façon de rendre justice à une époque disparue et à l’attachement profond des gens à leur territoire.