Lieux et monuments-2
Depuis maintenant plusieurs années, le cinéaste d’animation Pierre Hébert travaille à une série de films de différents formats, sous le titre générique de Lieux et monuments. Travaillés parfois comme des carnets de voyages, mais aussi comme autant de films essais géopolitiques, cette série ambitieuse est unique dans le parcours au long cours de Pierre Hébert. Nous allons présenter la série complète en quatre séances successives, en débutant par la projection en primeur du plus récent volet, Le mont Fuji vu d’un train en marche.
La projection sera suivie d'une discussion avec le réalisateur
Film d'animation reposant sur l'observation des rapports d'agressivité dans le métro. Métaphore visuelle sur les gens qui s'y croisent en feignant de ne pas se regarder, les machines dévorantes qui y règnent. Images explosives (gravure sur pellicule), son (inspiré de machines domestiques) procédant d'improvisations en direct au cours de performances publiques.
Ce film a été composé à partir de la captation d’une performance d’animation en direct présentée à Rome en janvier 2005 par Pierre Hébert et le musicien Bob Ostertag. La performance était basée sur un tournage de prise de vue réelle faite l’après-midi même au Campo dei Fiori où le philosophe Giordano Bruno a été brulé par l’Inquisition en 1600. Une statue a été érigée en sa mémoire au 19ième siécle, qui domine sombrement le marché qui se tient quotidiennement sur la place. Le film traite de la ressurgence fantomatique du passé dans ce lieu où la vie quotidienne suit imperturbablement son cours. La captation de la performance a été retravaillée et raccourcie par la suite et complémentée de plusieurs performances faites en atelier.
Simplement une méditation sur un lieu. C'est un village de Normandie, perdu le long de la péninsule de la Hague. Il est accroché aux plus hautes falaises d'Europe, dominant un littoral particulièrement farouche, et est situé légèrement en contrebas de l'immense usine française de traitement de déchets nucléaires. Le poète Serge Meurant et la plasticienne Michelle Corbisier ont visité Herqueville à l'été 2003 et ont tiré de leur séjour un cycle de gravures et de poèmes célébrant la majesté architectonique du bord de mer. Je suis allé tourner au même endroit en 2005 et mon effort cinématographique a consisté à exprimer l'effarante proximité des composantes d'un drame silencieux : l'usine, les falaises rocheuses, la mer et le modeste événement poétique. Le tout fut composé sur la musique providentiellement adéquate de Fred Frith, enregistrée lors d'une performance commune à San Francisco. Simplement ce lieu...
Notes sur le réalisme socialiste. Il y a ceux qui partent, ceux qui arrivent, ceux qui attendent Dieu sait quoi... Il y a ce qui reste, les ruines impassibles d'un passé récent et immémorial. Film fait à partir d'images tournées à la gare d'autobus de Prague, à 10h le 23 mai 2010.
Une place bétonnée juste à côté de la gare Perrache. Les voyageurs et les flâneurs vont et viennent comme de mornes fantômes. Entre le manège qui tourne en rond et le monument immémorial « À la gloire de la République » que personne ne voit plus, une étincelle embrase le lieu.
Un exercice de regard intense sur une paroi rocheuse tournée près des chutes de Rivière-au-tonnerre sur la côte nord du fleuve St-Laurent. Une méditation sur l’opacité, sur les fissures qui peuvent ouvrir toutes choses et toutes situations sur l’infinité du sens. C’est le volet ontologique des épisodes de la série Lieux et monuments qui est un projet d’exploration des fissures qui lézardent n’importe quelle scène banale, n'importe quelle foule anonyme, n’importe quel monument oublié, et laissent s’infiltrer, jusqu’à l’éclatement, les constellations invisibles de l’Histoire.