Mapping Lessons + The Violence of a Civilization Without Secrets + Canada Park
Regards palestiniens est un collectif dédié à l’organisation d’évènements cinématographiques qui reflètent les imaginaires multiples de la Palestine, ainsi que la créativité et l’engagement palestiniens. Les organisateurs.trices sont des Montréalais.es de domaines multiples, impliqué.es dans l’activisme pour la justice sociale, la défense des droits des immigrant.es et leur soutien, la solidarité internationale, la production et les études cinématographiques, l’éducation et la recherche. Tel que proposé par le collectif depuis plusieurs années, la programmation de cet automne 2021 permettra de faire l’état des lieux d’une situation géopolitique en cours, sous l’œil inspiré des cinéastes palestiniens.
Cet essai cinématographique expérimente avec des images surréelles tirées de Google Maps et de Wikipédia ainsi que des photographies coloniales du 20ème siècle pour présenter une réflexion sur l’effacement et la présence de l’histoire palestinienne. Canada Park déterre le territoire d’Imwas, un village cité dans le Vieux Testament qui a été rasé par l’armée israélienne et remplacé par le parc du même nom. Le film transporte le spectateur dans le champ de l’étrange et l’imbibe d’une sensation mystique, encore accentuée par un paysage sonore ésotérique signé par la musicienne et productrice DJ Nabiha Iqbal (basée à Londres). Comme l’écrit l’artiste Razan Alsalah: « Je marche sur la neige afin de trouver le désert. Je me retrouve sur les terres autochtones non-cédées au soi-disant Canada, exilée et incapable de retourner en Palestine. Je traverse illégalement la frontière coloniale sous la forme d’un spectre numérique qui flotte à travers Ayalon-Canada Park, transplanté sur le site de trois villages palestiniens rasé par l’armée israélienne en 1967. »
Une réflexion urgente sur la souveraineté autochtone, la violence des archives des musées, et la justice post-mortem à travers l’histoire de “l’homme de Kennewick”, un homme préhistorique paléo-américain dont les restes ont été trouvés à Kennewick, Washington, en 1996.
Grâce à son journal intime, nous apprenons que K., la personnage principale du film, rentre de la Russie post-révolutionnaire dans sa terre natale de la Grande Syrie. Là, après l’effondrement de l’Empire Ottoman, des communautés individuelles tentent de trouver leur autonomie. Le film juxtapose le passé russe, présenté par des plans de films soviétiques classiques comme Espagne de Esfir Shub et Kinoglaz de Dziga Vertov, avec la Syrie contemporaine, représentée par des images prises par des téléphones cellulaires. Ce faisant, le réalisateur crée un parallèle entre deux réalités incompatibles et assemble un essai multimédia sur le néocolonialisme et l’indépendance.
« Après l’écrasement de notre révolution en Egypte en 2013, Mapping Lessons (Leçons de cartographie) s’est esquissé comme un rêve éveillé. Ce film est le produit d’une conversation visuelle entre différentes luttes politiques à travers l’espace et le temps, depuis les guerres anticoloniales contre les Français et les Anglais dans les années 1920 jusqu’à la révolution syrienne de 2011 en passant par l’Espagne de 1936, l’introduction d’un souvenir révisionniste des Soviets russes, et la commune de Paris entre autres. Ce film est ma façon de mettre à jour les liens entre notre condition néocoloniale actuelle et le passé, tout en gardant un œil sur ce qu’on peut changer la prochaine fois. » P. Rizk.