My Own Private Idaho
Si certaines décennies du cinéma américain sont immédiatement identifiables, ce n’est pas tout à fait le cas des années 1990 et début 2000, qui forment une sorte de continuum de films à cheval sur deux siècles. Comme si le changement d’ère appelait le cinéma américain à se chercher et à se réinventer, entre l’époque des superproductions des années 1990 et la révolution numérique qui commence dans les années 2000. Tandis que certains grands noms prouvent qu’ils n’ont pas dit leur dernier mot (David Lynch, Martin Scorsese, Terrence Malick), de jeunes cinéastes entament leur carrière (Quentin Tarantino, Michel Gondry, Gus Van Sant), confirment leur talent (Todd Haynes, Gregg Araki, Steven Soderbergh) ou réalisent le point d’orgue de leur filmographie avant de s’éclipser (Tony Kaye, Lodge Kerrigan). Toujours est-il qu’il y a un indéniable plaisir à revisiter quelques œuvres phares de ce moment oscillant entre nouveaux imaginaires, goût de la citation et réappropriation des genres.
Scott et Mike sont prostitués et amants. Mais si Scott, dont le père est très riche et qu'il déteste, a un avenir tout tracé, Mike demeure traqué par ses souvenirs et sombre dans des crises de narcolepsie. « Gus Van Sant n'est pas un partisan farouche de l'unité du lieu. Et si son film, sorte de splendeur picturale, voyage beaucoup, il tient autant de la vadrouille en moto que du trip cérébral (et si le film entier n'était qu'un rêve de dingue ?). On navigue de la drôlerie à la désespérance. » (Philippe Vecchi, 1992)
Gus Van Sant
Gus Van Sant est un réalisateur, scénariste, producteur, monteur, photographe et musicien américain. Il a longtemps vécu à Portland dans l'Orégon, ville qui lui sert de cadre pour de nombreux films. Après des débuts comme cinéaste indépendant, avec notamment My Own Private Idaho (1991), il se rapproche de l'industrie hollywoodienne avec des films de commande comme To Die For (1995) et Good Will Hunting (1997), récompensé aux Oscars. Il revient ensuite à un cinéma éloigné des pressions financières et artistiquement indépendant, comprenant Elephant (2003), librement inspiré de la tuerie de Columbine (Palme d'or au Festival de Cannes 2003), et Last Days (1994) qui raconte sa vision des derniers jours du chanteur Kurt Cobain. Sa carrière connaît un nouveau tournant en 2008 avec Milk (2008), un film très personnel, mais qui se veut populaire. Il est couronné par plusieurs Oscars et connaît un grand succès public.