Pêcheurs de Pomcoup + Un soleil pas comme ailleurs
Né en 1928 et disparu il y a quelques mois, Léonard Forest a été le premier des cinéastes acadiens. S’il a mené dès les années 1950 une carrière prolifique et diversifiée à l’ONF depuis Montréal, l’Acadie et l’identité acadienne sont restées au cœur de ses réflexions, comme en témoignent les films présentés dans ce cycle voué à lui rendre hommage. Outre leur valeur culturelle, historique et sociologique, ces œuvres témoignent de l’inventivité, de la sincérité et de la grande liberté de regard de ce cinéaste qui était également un poète accompli.
Le village de Pomcoup situé à l'extrême pointe sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, est le plus vieux centre acadien. Les gens de ce village descendent presque tous de quelques familles venues s'établir sur la péninsule il y a plus de trois cents ans. Pendant deux siècles et demi, le village de Pomcoup a vécu complètement isolé. Aujourd'hui, ses gens n'ont qu'un métier : la pêche.
Film témoin du réveil acadien et de la prise de conscience populaire sans précédent qui se manifeste en 1972 dans le Nord-Est du Nouveau-Brunswick, zone « condamnée par les technocrates », mais que son peuple refuse de quitter, « parce qu'il y brille un soleil pas comme ailleurs ». Scènes de protestation populaire et de violence, à Bathurst et à Caraquet. Réflexion collective devant la caméra, dans une perspective d'avenir, de gens « profondément impliqués dans le milieu social », sur ce pays chanté par les poètes.
Léonard Forest
Léonard Forest est un artiste, poète et cinéaste acadien d'expression française. Il suit un cours classique au Collège Saint-Joseph de Memramcook, où il découvre le cinéma. Il y crée un cinéclub qui fait scandale et rédige une chronique de cinéma dans L'Évangéline. Il est embauché par l'Office national du film du Canada (ONF) en 1953. Il y occupe le poste de directeur du programme général de la Production française et directeur de l'équipe de télévision française 1958-1959. Il est un des instigateurs de la régionalisation de l'ONF avec l'ouverture de bureaux francophones en Acadie et en Ontario. De plus, il préside à la restructuration du Groupe de recherche sociale qui devient le programme « Société nouvelle » (Challenge for Change). Il est également le président fondateur du Syndicat général du cinéma et de la télévision. Il prend sa retraite de l'ONF en 1983 après avoir travaillé sur plus de 130 films, que ce soit comme scénariste, producteur, réalisateur ou monteur. Parmi ses réalisations se trouvent Les aboiteaux (1955), Pêcheurs de Pomcoup (1956), Les Acadiens de la dispersion (1968), La noce est pas finie (1969) et Un soleil pas comme ailleurs (1972). Depuis les années 1960, il publie également plusieurs poèmes, essais et nouvelles. Ses poèmes, de par leur douceur et leur nostalgie de l'Acadie historique, s'opposent à ses films, militants comme l'a voulu l'esprit de l'ONF. L'Université de Moncton lui décerne un doctorat honorifique en 1992 et il reçoit, en 2016, un Prix Hommage aux Éloizes pour l'ensemble de sa carrière.
Photo : Robert Etcheverry
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Léonard Forest : filmer l’Acadie au présent
Léonard Forest est le pionnier du cinéma acadien. Né en 1928, il est décédé au printemps dernier, laissant derrière lui une longue carrière de producteur et réalisateur menée à l’ONF. Nous lui rendons hommage en présentant la trilogie de films qu’il a consacrés à l’Acadie.