Scénarios + Exposé du film annonce du film « Scénario »
Nous accueillons Fabrice Aragno, cinéaste et principal collaborateur de Jean-Luc Godard dans les vingt dernières années. Cet événement sera non seulement une occasion d'échanger avec lui, mais encore de découvrir les derniers films du cinéaste pionnier de la Nouvelle Vague, encore inédits à Montréal.
Présenté par Fabrice Aragno, collaborateur de Jean-Luc Godard
« Scénario » c’est le nom que le cinéma a donné à sa manière de raconter des histoires. Et c’est le titre que Jean-Luc Godard a choisi de donner à son film ultime, réalisé, littéralement, la veille de sa mort volontaire. Ce qui ne signifie pas qu’il ne parviendrait pas à l’achèvement, mais que dans son inachèvement même il serait réalisé. Or Scénario, qui finalement s’écrira Scénarios est double : ADN, éléments fondamentaux, et IRM, Odyssée. L’ADN, c’est la signature biologique, ce qui constitue un sujet humain dans sa singularité; et IRM, qui renvoie à l’imagerie médicale et à la détresse du corps fragilisé, suggère la dissolution du sujet dans un jeu de résonances magnétiques. Entre ces deux pôles qui évoquent sur un mode strictement matérialiste, la genèse et le déclin, se déploie l’histoire d’un sujet, une histoire faite de notes et d’images entremêlées et condensées en 18’, récit singulier et collectif, récit d’une vie hanté par la mort, car le film est aussi un adieu, une déploration funèbre. Les deux volets du film s’ouvrent sur une suite de séquences strictement identiques, avant que le deuxième volet ne diverge, et s’achève sur un autoportrait de JLG – ce seront ses dernières images –, assis sur son lit, le torse dénudé à la manière du portrait sculpté de Voltaire par Pigalle qui ne cache rien de l’usure de son corps, transcrivant le double apologue logique et drolatique de Jean-Paul Sartre sur les non-doigts. Scénarios s’achève, comme il s’ouvrait, sur la répétition, soit la figure de l’éternel retour, le moment où le temps, qui aura été la grande – sinon la seule – question du cinéma, aura cessé de s’écouler. (Écran noir productions)

En octobre 2021, Jean-Luc Godard exposait son projet pour Scénario, un film en 6 parties mêlant images fixes et images mobiles, à mi-chemin entre la lecture et la vision. (Écran noir productions)

Jean-Luc Godard
Né à Paris en 1930, Jean-Luc Godard grandit au bord du lac Léman, se passionnant en premier lieu pour la peinture. Après la Seconde Guerre mondiale, qu'il passe à l'abri en Suisse, sa famille l’envoie étudier à Paris, mais Godard y fréquente surtout les ciné-clubs et la Cinémathèque française. À l’aube des années 1950, il fréquente le Ciné-club du quartier latin où il fait la rencontre décisive de Maurice Schérer (bientôt Éric Rohmer), François Truffaut, Claude Chabrol et Jacques Rivette entre autres, avec lesquels il fait ses premiers pas en tant que critique et se lance dans l’aventure des Cahiers du cinéma. Après la réalisation de quelques courts métrages, il passe au long dans la foulée de François Truffaut en réalisant en 1960 À bout de souffle, qui contribue au coup d’envoi de la Nouvelle Vague. Il ne cessera de tourner jusqu’aux années 2010, constituant au fil des décennies une œuvre exploratoire qui a toujours repoussé les limites du cinéma.
Photo : ©Bertrand Carrière | Collections de la Cinémathèque québécoise

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Se souvenir de Jean-Luc Godard
La veille de sa mort volontaire, Jean-Luc Godard a bouclé un court métrage inédit de 18 minutes que la Cinémathèque est heureuse de présenter en première québécoise. Intitulé Scénarios (2024), il sera suivi du moyen métrage Exposé du film annonce du film « Scénario » (2024), tourné en 2021, dans lequel Godard expose son projet. À cette occasion, nous recevrons Fabrice Aragno, collaborateur du cinéaste depuis Notre musique (2004), et présenterons en 3D Adieu au langage (2014), œuvre majeure de sa période expérimentale, ainsi que le court métrage Les trois désastres (2013).