Tel qu'on le voit + L'expression des mains
Harun Farocki est l'une des figures majeures du film-essai des dernières décennies. Son cinéma ambitieux offre aux spectateurs un voyage en profondeur dans l'histoire des images en mouvement et des médias, en proposant une analyse de celles-ci parfois cinglante. Son approche dépasse le champ du cinéma, embrassant aussi la littérature et les arts visuels. Ce cycle se termine avec la conférence d'ouverture d'un colloque consacré au cinéaste pour les dix ans de sa disparition.
Mon film Tel qu'on le voit est un film-essai. L'industrie de l'opinion contemporaine est comme une énorme bouche, ou peut-être un déchiqueteur de papier. Je compose un nouveau texte à partir de ces déchets et je mets ainsi en scène un jeu de piste. Mon film est composé de nombreux détails et crée beaucoup de relations image-image, mot-image et mot-mot entre eux. Il y a donc beaucoup de choses à méditer. J'ai cherché et trouvé une forme qui permet de gagner un peu d'argent et d'aller loin. (Harun Farocki)

Historiquement, le gros plan au cinéma a d'abord été utilisé pour transmettre des émotions par le biais des expressions faciales. Mais très vite, les cinéastes ont commencé à porter leur attention sur les mains. À partir d'extraits de films, Farocki explore ce langage visuel, son symbolisme, ses dérapages freudiens, ses automatismes et sa musique. Souvent, les mains trahissent une émotion que le visage tente de dissimuler. Elles peuvent aussi servir de canal (échanger de l'argent) ou témoigner d'une forme de compétence (le travail). (harunfarocki.de)

Harun Farocki
Né Harun Faroqhi en 1944 à Neutitschein, en Bohême-Moravie (dans l’actuelle République tchèque), d’un père immigré d’Inde et d’une mère allemande, Farocki a grandi entre l’Inde et l’Indonésie durant l’après-guerre, avant que sa famille ne se réinstalle en Allemagne à la fin des années 1950. Influencé par Bertolt Brecht, Theodor Adorno et Jean-Luc Godard, il étudie à l’Académie allemande du film et de la télévision de Berlin et commence à réaliser ses premiers films dans les années 1960. Il se tourne d’emblée vers la forme de l’essai, du documentaire expérimental et de l’installation pour s’interroger sans relâche sur le poids politique des images. Il a également été l’éditeur de la revue Filmkritik et a enseigné à l’Université de Californie à Berkeley puis à l’Académie des beaux-arts de Vienne.
