Téléphone + Strass Café
En cette journée du 8 mars, nous vous proposons de redécouvrir les œuvres audacieuses de trois réalisatrices où la voix et la parole tiennent une place de premier plan. Récemment restaurés par la Cinémathèque québécoise, Téléphone de Luce Roy et Strass Café de Léa Pool sont deux exemples du dynamisme créatif de la production féminine au Québec dans les années 1980. Conservé dans nos collections, Le Navire Night de Marguerite Duras n’a quant à lui rien perdu de sa modernité subversive.
Un court film d'animation pétillant d'invention, d'intelligence, de simplicité et d'efficacité. Ce téléphone est le pivot autour duquel une dessinatrice vit son métier dans un quotidien fébrile qui s'anime sous nos yeux, sortant directement de la planche à dessiner de l'artiste. On dit ouf! En moins de cinq minutes, on vient de vivre une journée fertile en petits événements.
Poème cinématographique. Sur des images de grisaille, dans des rues familières mais pourtant inconnues, Strass Café raconte les espoirs et les déceptions d'une femme qui se parle à elle-même, qui nous parle aussi. Une autre, est muette, est-elle seule? Est-ce la même? Peut-être. Et puis, il y a un homme qui apparaît ici et là. Est-ce son homme? Une nuit, dans un bar déserté, un couple danse un slow. Mais malgré leur proximité de circonstances, jamais ils ne se rencontrent. (Charles-Henri Ramond, février 2010)
Léa Pool
Léa Pool naît et grandit en Suisse avant d’émigrer au Québec en 1975 à l’âge de 25 ans. Après des études en communication, elle enseigne le cinéma et la vidéo à l’UQAM tout en réalisant des émissions et ses premiers films. Aussi bien appréciées par le public que par la critique, les œuvres qu’elle signe dans les années 1980 (Strass Café, La femme de l’hôtel, Anne Trister, À corps perdu), se démarquent dans les festivals internationaux et témoignent déjà des thèmes de prédilection de la cinéaste : quêtes de sens individuelles, trajectoires féminines, relations intimes… Son travail de fiction des années 1990 confirme sa place dans la cinématographie québécoise tandis qu’elle se tourne également vers le cinéma documentaire. Au cours des deux dernières décennies, Léa Pool a réalisé plusieurs coproductions internationales, ainsi que son plus grand succès public : La passion d’Augustine (2015). Son œuvre a régulièrement été mise à l’honneur à travers le monde, lui valant des distinctions prestigieuses.
Photo : Monic Richard
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Léa Pool : celle qui s'est réinventée en devenant cinéaste
Peu de femmes étaient réalisatrices au Québec quand Léa Pool a fait ses débuts. Elle dit n'avoir jamais fait de cette féminité un moteur ni y avoir vu un frein, mais elle a construit patiemment une œuvre rendant hommage aux femmes à travers des relations mères-filles complexes. Rencontre avec celle dont l'enfance douloureuse a fini par être cicatrisée par le cinéma.