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Revoir le cinéma géorgien
avril 2018

Après une longue période d’hibernation post-soviétique, le cinéma géorgien commence à emprunter sa propre voie, devrions-nous plutôt dire : « à emprunter de nouveau sa propre voie » ? En effet, il fut une époque, pas si lointaine, où il était considéré comme un modèle de « petit cinéma ». Le critique britannique Derek Elley l’a baptisé « Lumière dans le Caucause », titre qu’il donna à son article paru en 1977 dans un numéro du magazine Films and Filming, dans lequel il soutient que « le cinéma géorgien est probablement le plus vivant au sein des industries cinématographiques présentes dans les différentes républiques soviétiques, totalement débarrassé des lenteurs qui touchent fréquemment la production cinématographique habituelle de Mosfilm ou de Lenfilm, et constamment en porte-à-faux sur le plan politique avec ces studios ».1 À partir des années 1950 et jusqu’aux années 1980, il était perçu en Occident de la même manière dont, des années 1990 aux années 2010, ce public accueillait le cinéma iranien : un ensemble d’oeuvres poétiques et exceptionnellement accomplies provenant d’un pays n’étant pas particulièrement connu pour son soutien à une créativité non conventionnelle. À certains égards, « cette compréhension iranienne » allait préparer le terrain à ce qui allait arriver, surtout au cours des dix dernières décennies. Mais elle occultait une histoire beaucoup plus complexe du cinéma géorgien, celle qui mettrait en valeur son rôle historique dans la production de documentaires originaux et de films trans-nationaux.

Notre but, dans le cadre de cette « Semaine du cinéma géorgien », est de faire découvrir au public ses richesses, de donner une idée de ce qu’est ce petit cinéma national dont le passé renferme des trésors importants à redécouvrir, et dont la situation actuelle est celle d’un progressisme en ébullition. Les films que nous présentons, et les notes qui leurs sont consacrées dans ce dossier, tentent de faire valoir cet argument. Cependant, nous voudrions également dire quelques mots au sujet des films qui ne font pas partie de cette série, des films susceptibles d’être soit (1) complètement méconnus du public contemporain, soit (2) très connus d’un tel public, mais un public qui pourrait ne pas savoir qu’ils appartiennent au cinéma géorgien.