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CollectionsAcquisitions : Les photos de Tit-Coq

Guillaume Lafleur
January 25th, 2022
Acquisitions : Les photos de Tit-Coq

L’œuvre de Gratien Gélinas, dans le Québec de l’après-guerre, est importante non seulement pour sa dimension sociologique et sa capacité à saisir l’esprit populaire du temps, mais également par son ambition et un souci d’écriture qui la démarque nettement des dramaturgies populaires des décennies précédentes.

Si le corpus théâtral de l’auteur a été largement commenté, étudié et mis en valeur au point d’intégrer le patrimoine théâtral du Québec au vingtième siècle, on ne peut pas en dire autant de son œuvre de cinéma. Pendant longtemps, cette facette artistique de Gélinas a été mésestimée, non seulement par le public mais également par l’artiste lui-même, sans doute parce qu’il n’a jamais obtenu le rayonnement et le succès au cinéma à même hauteur qu’au théâtre.

Pourtant, il s’est énormément investi dans ses projets de cinéma et cette dimension de son œuvre doit être étudiée plus en profondeur. À cet égard, toute documentation qui rend compte de façon précise du contexte de production dans lequel oeuvraient Gélinas et son collègue Delacroix (coréalisateur de l’adaptation de la pièce Tit-Coq) permettra la réévaluation de ces efforts et affinera l’analyse de l’œuvre. C’est pourquoi l’acquisition de ces photographies, planches-contacts et négatifs qui documentent le tournage de Tit-Coq nous semble incontournable. Non seulement ce fonds permet de documenter avec des photographies les conditions de tournage de ce film, mais plus largement il permet de donner un aperçu visuel unique des conditions de production dans l’industrie privée du cinéma au Québec, alors qu’elle en est encore à ses balbutiements.

Set photo of Tit-Coq by Gratien Gélinas | ©Cinémathèque québécoise (2020.0362.PH.22)

Set photo of Tit-Coq by Gratien Gélinas | ©Cinémathèque québécoise (2020.0367.PH.11)

Ce fonds est sans doute l’un de ceux qui détaille et représente le mieux la manière dont les films de fiction étaient tournés au Québec dans les années 1950.

De plus, il donne à voir dans un grand lot d’images inédites de nombreux acteurs de premier plan de la scène théâtrale et cinématographique, dont certains sont aujourd’hui oubliés, comme Paul Dupuis (dont la carrière au cinéma débute en Angleterre, après avoir été correspondant de guerre), sans parler des légendaires Fred Barry, Jean Duceppe, Juliette Béliveau, etc. De nombreuses photos témoignent également du travail, entre les prises, de Gratien Gélinas et de la très jeune Monique Miller, qui deviendra l’une des actrices majeures de la deuxième moitié du vingtième siècle au Québec.

Plus largement, sous l’angle sociologique, les photographies témoignent de la ville de Montréal en 1953, des gens qui l’habitent (certaines photos s’attardant aux foules agglutinées devant l’un des plateaux de tournage, au Square Saint-Louis) et des lieux aujourd’hui disparus ou transformés (la Gare Windsor). Toutes les photos du fonds sont réalisées avec un très grand professionnalisme et correspondent aux meilleurs standards de l’époque, au Québec ou ailleurs.

Le lot est composé de 485 négatifs 35 mm et de 164 planches-contact.

Set photo of Tit-Coq by Gratien Gélinas | ©Cinémathèque québécoise (2020.0372.PH.15)