Notre ami Pierre Jutras nous a quittés, hier, le 22 juin. Il a marqué l’histoire de la Cinémathèque québécoise, une institution où il a passé 33 ans, d’abord à titre de conservateur du cinéma québécois et canadien, puis de directeur de la programmation. Plusieurs générations de cinéphiles lui doivent beaucoup. J’appartiens à celles-ci, comme Marco de Blois, Dominique Dugas, Stéphanie Côté, André Habib, Jeanne Crépeau, Viva Paci et de nombreux.ses autres. À titre de programmateur, il a notamment contribué à faire découvrir le travail de Michèle Cournoyer et de Denis Côté, deux cinéastes dont il défendait la singularité. Très tôt dans leur carrière il programmait les films de Michael Haneke, de Johnny To, d’Ulrich Seidl et de Hong Sangsoo. Son approche de la programmation reposait aussi sur de grandes rétrospectives monographiques, comme celles qu’il a consacrées à Manoel de Oliveira et à John Huston, cette dernière l’obligeant à dénicher les copies les plus rares auprès de nombreuses cinémathèques européennes.

Cofondateur et codirecteur de la revue Copie Zéro, il y a dirigé des numéros remarquables portant sur André Forcier, sur Anne Claire Poirier, sur Michel Moreau… Par ailleurs, Pierre Jutras était aussi cinéaste, son film Lamento pour un homme de lettres, terminé en 1988, remportant le prix du meilleur court métrage au Festival international du nouveau cinéma de Montréal. Il avait aussi supervisé la première restauration de Kamouraska, de Claude Jutra, et dirigé un important dossier web sur À tout prendre, du même cinéaste.

Sa passion et sa générosité continuent d’inspirer ceux qui l’ont connu. À ses proches nous tenons à témoigner nos plus sincères condoléances.

Marcel Jean
Directeur général, Cinémathèque québécoise.