Pour l'éternité + Something Happened
L’étonnant parcours de Roy Andersson reflète la personnalité radicale d’un artiste hors normes. Après avoir réalisé deux premiers longs métrages contrastés dans les années 1970, Une histoire d’amour suédoise (primé à la Berlinale) et "Giliap", il s’éclipse du monde du cinéma pendant près de vingt-cinq ans. Au cours de cette période, il se consacre à une carrière publicitaire, fonde sa compagnie de production, Studio 24, et réalise quelques courts métrages. Et, tout ce temps, Andersson semble avoir mûri l’œuvre qui lui vaut une reconnaissance internationale depuis 2000 : de la trilogie des vivants à Pour l’éternité, quatre films au style immédiatement reconnaissable, dont les tableaux savamment mis en scène érigent la chronique absurde et grinçante de notre monde trop humain.
En 24 tableaux absurdes, Roy Andersson illustre divers aspects de la crise entourant l'épidémie du sida. Le film, commandé par le Bureau national de la santé de Suède, qui l'a désavoué, n'a été distribué que quelques années plus tard.
Pour l'éternité nous entraîne dans une errance onirique, dans laquelle des petits moments sans conséquence prennent la même importance que les événements historiques : on y rencontre un dentiste, un père et sa fille sous la pluie, un homme dans un bus, un couple dans un café, des jeunes qui dansent, Hitler ou encore l’armée de Sibérie… Une réflexion sous forme de kaléidoscope sur la vie humaine dans toute sa beauté et sa cruauté, sa splendeur et sa banalité.
Roy Andersson
Né à Göteborg (Suède) en 1943, Roy Andersson étudie le cinéma à l’Institut suédois du film de Stockholm. À peine diplômé, il réalise Une histoire d’amour suédoise, qui remporte plusieurs prix à la Berlinale en 1970. Inquiet d’être enfermé par ce succès d’estime, il signe cinq plus tard un film radicalement différent, Giliap, dans lequel il s’essaie à l’humour noir. Celui-ci ne rencontre pas le succès escompté, Andersson quitte alors le monde du cinéma pour se consacrer à une carrière publicitaire. Il ne renonce pas pour autant à sa vocation : en 1981, il fonde le Studio 24 afin d’être pleinement indépendant ; il réalise par la suite deux courts métrages dans lesquels il commence à forger le style et le ton qui feront le succès de la période récente de son œuvre – quatre films parus de 2000 à 2019 et acclamés à travers le monde.