Il était une fois la révolution
À l’instar du genre jubilatoire qu’elle désigne, l’expression « western spaghetti » n’a cessé de gagner en estime et en sympathie. Né au milieu des années 1960, le western à l’italienne est un univers à part entière, dont le langage de cinéma, le ton anarchisant et l’iconographie spectaculaire ont eu un impact considérable. Présenté en collaboration avec l’Institut culturel italien de Montréal, ce cycle réunit les incontournables des « trois Sergio » (Leone, Corbucci, Sollima) et une sélection diversifiée de films des principaux cinéastes de la période. De quoi saisir la richesse d’un genre dont la beauté stylistique n’a d’égale que la saleté de ses protagonistes, et qui a su être tour à tour irrévérencieux et lyrique, drôle et violent, bon-vivant et politique, sombre et lumineux. Les versions présentées ont été choisies en fonction d’éléments tels que la langue (tous ces films étaient doublés, il n’y a donc pas de version « originale » unique), l’entièreté du montage et les restaurations récentes.
En pleine révolution mexicaine, un brigand fait la rencontre d’un révolutionnaire irlandais en fuite, et s’associe à lui pour braquer une banque. Entraîné au cœur des événements historiques, le bandit développe peu à peu une conscience politique. Sergio Leone se prête au jeu du «western zapata» (dont la toile de fond est la révolution mexicaine) pour signer une œuvre particulièrement complexe et nuancée, une fresque aux accents anarchistes qui passe de l’humour à l’horreur, du lyrisme au désenchantement, du souffle épique au dérisoire de l’existence. Moins culte que ses autres films et parfois injustement sous-estimée, cette ultime réalisation de Leone dans le western italien n’en est pas moins un chef d’œuvre.
Sergio Leone
Né en 1929 à Rome, Sergio Leone est le fils de l’actrice de cinéma muet Bice Waleran et du cinéaste Roberto Roberti, dont la carrière connut un coup d’arrêt du fait de son opposition au fascisme. Le hasard veut que le jeune Sergio aille à la même école qu’Ennio Morricone, qui composera la musique de ses futurs films. Après la Seconde Guerre mondiale, il débute sa carrière comme assistant auprès de cinéastes italiens (Vittorio de Sica entre autres), mais aussi américains (Robert Wise, William Wyler...). Il entame son parcours de réalisateur avec des péplums. Puis Leone a l’idée de se tourner vers le western, qu’il revisite complètement, s’éloignant du western américain alors en déclin. En 1964, Pour une poignée de dollars marque l’avènement d’un style et de codes qui vont définir le western à l’italienne, genre qui connaît un immense succès dans la décennie qui suit, avec Leone comme figure de proue. En 1984, il signe une dernière grande fresque, Il était une fois en Amérique, s’emparant cette fois de l’univers du gangstérisme américain.