La mort en ce jardin
Le parcours de cinéaste de Luis Buñuel s’étend sur près de cinquante ans, de 1929 à 1977, d’Un chien andalou à Cet obscur objet du désir. Partagée entre la France, le Mexique et l’Espagne, flirtant à tour de rôle avec l’expérimental, le documentaire, les productions plus commerciales ou le cinéma poétique, son œuvre protéiforme n’a jamais cessé d’étonner, de troubler et d’exercer une forte influence. En articulant son cinéma autour de la question du désir – impulsif, inassouvi, contrarié ou créateur, Buñuel est parvenu comme nul autre à scruter les tourments de l’âme humaine, leur part de mystère et de violence tout comme les délices qui s’y cachent. Réunissant ses œuvres les plus célèbres tout en faisant la part belle aux films moins connus de sa période mexicaine, ce cycle permet d’apprécier toutes les nuances d’une filmographie qui, à la façon des cadavres exquis surréalistes, cultive le goût de la contradiction, dans les sentiments comme dans le langage cinématographique.
Dans une petite ville d'un pays imaginaire d'Amérique du Sud, un aventurier européen se retrouve au milieu d'un conflit entre des prospecteurs de diamants et la garnison gouvernementale locale. Accusé de vol, il finit par se joindre à un petit groupe de rebelles. Ils s'enfuient dans la jungle, enfer tropical dont il difficile de ressortir...

Luis Buñuel
Né en 1900 dans l’Aragon, en Espagne, Luis Buñuel étudie chez les jésuites avant de rejoindre Madrid pour ses études supérieures. Il y fait la rencontre décisive de Salvador Dalí et de Federico García Lorca, et il se rapproche du mouvement dadaïste. En 1925, il s’installe à Paris et devient l’assistant de Jean Epstein. Influencé par le surréalisme, il réalise, avec la collaboration de Dalí au scénario, Un chien andalou puis L’âge d’or. Plus largement diffusé, ce dernier fait scandale et inaugure la longue liste d’actes de censure qui viseront les œuvres de Buñuel, peu importe les époques, pour leur sens de la provocation, leur portée politique et leur indépendance d’esprit. Le cinéaste travaille un temps en Espagne mais la guerre civile éclate et il part aux États-Unis, avant de finalement s’exiler au Mexique, où il tourne la majeure partie de son œuvre pendant près de vingt ans. À partir des années 1960, il revient tourner en France, entamant une collaboration fructueuse avec le scénariste Jean-Claude Carrière, qui coécrit tous ses derniers films. L’œuvre de Buñuel n’a cessé depuis sa mort de s’affirmer comme l’une des plus influentes de XXe siècle.
Photo : Collections de la Cinémathèque québécoise

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Luis Buñuel, celui par qui le scandale arrive : Buñuel avait beau avoir le goût du scandale, ceux qui ont émaillé son parcours de cinéaste ont, à n’en pas douter, toujours dépassé ce qu’il avait fantasmé. Il suffit de s'en remémorer quelques-uns pour constater que la dimension subversive de son œuvre déborde largement de la simple provocation, et ce dès ses débuts.