La peau que j'habite
Consacrer une rétrospective au cinéaste espagnol Pedro Almodóvar, c'est mettre au jour une œuvre cinématographique majeure, à la fois absolument cinéphile, populaire et jubilatoire. Cet artisan forcené de la mise en scène de cinéma est porté par des personnages animés de forces vives qui souvent les éloignent du confort et les poussent à découvrir des facettes inédites d'eux-mêmes. Ils se transforment alors, par les moyens de l'amour ou de la désillusion. Revenus de tout, ils mettent à plat les idées reçues façonnant les genres et les contraintes sociales. L'art de filmer fait le reste.
Robert Ledgard, plasticien, met au point une peau de synthèse, une pratique révolutionnaire qui renforce sa notoriété. Mais il garde secrets les essais qu'il a menés sur une femme cobaye, Vera, qui vit recluse dans son manoir de la région de Tolède. La relation entre le médecin et sa patiente est trouble et mal vue par la seule personne qui détient le secret : Marilia, la fidèle domestique du chirurgien.
Pedro Almodóvar
Né en 1949 à Calzada de Calatrava, en Espagne, Pedro Almodóvar a connu une enfance provinciale, marquée notamment par la forte présence des femmes et l’éducation des congrégations religieuses. À 18 ans, il part pour Madrid et exerce divers métiers tout en plongeant dans la movida madrilène, mouvement culturel créatif et enflammé qui accompagne la transition démocratique. Il s’initie alors au théâtre, à la performance et à l’écriture dans les milieux de la contre-culture, signant même Patty Diphusa, roman phare d’une littérature homosexuelle émergente. Dans les années 1970, il commence à réaliser des courts puis des longs métrages. D’abord remarqué par le milieu underground, le cinéaste connaît un succès croissant en Espagne. En 1986, il cofonde avec son frère la compagnie de production El deseo et, deux ans plus tard, Femmes au bord de la crise de nerfs lui confère une renommée internationale, qui ne s’est jamais démentie depuis.
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La folle aventure
Dans la longue carrière du cinéaste espagnol Pedro Almodovar, parsemée de bons et de moins bons coups,*** Parle avec elle*** demeure son meilleur film pour plusieurs raisons. L’une d’entre elles permet justement de comprendre en quoi tient la réussite de son plus récent long métrage, La peau que j’habite: c’est l’habileté à rendre compte de l’horreur, dont les traits sont dévoilés lentement au fil de l’intrigue, par des révélations, des flash-back...