Les Vidéographes : Le gai savoir
En 2021, Vidéographe fête ses 50 ans d’engagement continu envers la recherche et le rayonnement de la vidéo et des pratiques expérimentales de l’image en mouvement. Toujours animé par le feu de ses fondateurs et fondatrices, Vidéographe propose une célébration traçant des ponts entre les générations d’artistes qui s’y sont rassemblé.e.s et qui sera axée sur la création, la collaboration et le partage des œuvres de sa collection.
Cette vidéo contient des éléments qui pourraient ne pas convenir à certains spectateurs ou spectatrices. À Montréal, le travail du sexe, l'usage de drogue et l’itinérance sont concentrés dans un quadrilatère délimité par les rues Saint-Denis, De Lorimier, Viger et Sherbrooke. C’est là que le projet Épopée prend ses racines. epopee.me est composé d’une série de courts métrages faits en collaboration avec des usagers de drogue et des travailleurs du sexe qui vivent et travaillent dans ce quartier où se retrouvent exclus et marginaux.
Composé de récits écrits et filmés en collaboration avec des travailleurs du sexe—neuf Fictions et treize Trajets—, Épopée fait du cinéma un geste de liberté et une expérience de mise en commun.
Ces films ne se contentent pas de faire le portrait—fictionnel ou réel—des protagonistes : ils visent à faire éprouver sur le plan affectif et politique de l’immédiateté sensible les dispositifs de contrôle et de ségrégation auxquels sont soumis les travailleurs du sexe.
Jouant à s'identifier à John Wayne Gacy, tueur en série américain, le réalisateur prend possession des comédiens par la caméra, les fantasmant en éventuelles victimes d'un film qui reste à faire. Entre le rapport amoureux et le rapport prostitutionnel, des jeunes hommes de 19 à 26 ans se racontent : ces quêtes d'amour nous entraînent dans un monde qui aurait pu être celui où Gacy chassait.
Le Récit d'A, c'est plusieurs récits qui évoluent dans une même vidéo, des univers parallèles qui se font écho sans jamais se croiser. Le récit d'Andrew, le carnet de voyage, la pensée d'Edmond Jabès sont autant d'éléments du jeu... J'utilise des traces autobiographiques (le «scanner», le Super 8) pour parler d'une trace plus vaste; la trace existentielle du désert de Jabès et du désert de la décennie 90; notre jeunesse dévastée par le sida, ma vie désertée de sa jeunesse. La vidéo parle aussi du regard, de cette conscience qui change et de ce qui peut s'ouvrir, même en face d'une issue apparemment aussi fatale. (Esther Valiquette)
L'absence laisse-t-elle une marque? Le silence peut-il s’entendre? S’interrogeant sur la mort prématurée d'un jeune artiste et danseur, Heaven or Montreal montre des idées inachevées et trace le contour d’énergie et de l’imagination perdues. Le dénouement de la vidéo invoque le désespoir afin de réclamer «le silence pour parler» et «l’immobilité pour danser». Ian Middleton, co-auteur de Heaven or Montreal, est décédé en 1993 des causes du Sida.
Masculinité? Être un homme? Comment appliquer ces termes lorsqu’il s’agit d’homosexualité? En réaction au comportement homophobe observé envers la gente masculine gaie, Made Up dénonce le rejet souvent vécu chez les hommes gais ayant un comportement efféminé, trop flamboyant ou considéré comme n'étant pas assez « normal ». Un sujet hors champ décrit ce qui lui plaît physiquement chez les hommes. À l’image, un homme change graduellement d’apparence, allant à l’opposé des préférences du narrateur.
Lèvres bleues s’intéresse à l’usage de l’image de synthèse comme outil de reconstitution et l’applique à la reconstruction d’un souvenir amoureux.