Monsieur Klein
Vu d’aujourd’hui, le cinéma de Joseph Losey, décédé il y a quarante ans, a quelque chose d’insaisissable. Loin des tics de mise en scène et des genres de prédilection qui caractérisent bien des œuvres, celle de Losey semble hétéroclite et touche-à-tout, ce qui a pu condamner à un oubli injuste une part de sa filmographie d’envergure. Des années 1940 aux années 1980, il s’est essayé au drame psychologique, au fantastique, à la comédie, au film policier ou au film historique, avec une précision dans l’étude des caractères, une intensité émotionnelle et un sens de la mise en scène toujours renouvelés. Ami de Bertolt Brecht et anglais d’adoption après avoir été chassé des États-Unis par le maccarthysme, Losey a forgé avec patience et assurance sa vision du monde à travers une galerie de personnages disparates, mais ayant souvent en commun d’être traqués, stigmatisés ou isolés.
Lauréat de trois Césars, dont meilleur film et meilleur réalisateur, en 1977
Paris, 1942. Robert Klein est un marchand d'art prospère pour qui l'Occupation allemande est d'abord une occasion de s'enrichir et de jouir d'une vie facile. Pour échapper à la déportation, les Juifs sont contraints de vendre leurs trésors à des personnes sans scrupules comme Klein. Puis, un jour, il reçoit un journal juif et découvre qu'il est fiché. Un autre Monsieur Klein se sert de lui pour brouiller ses pistes et couvrir ses activités anti-nazies. Klein est déterminé à découvrir ce que fait son homonyme, au point d'endosser l'étrange destin qu'on a fabriqué à son attention. Il risque alors d'être arrêté à la place de celui qu'il poursuit.
Joseph Losey
Né en 1909 dans le Wisconsin, Joseph Losey entame des études de médecine à Harvard avant de bifurquer vers le théâtre. La crise de 1929 le sensibilise aux questions sociales et il s’impose, dans les années 1930, comme un metteur en scène de théâtre engagé. Il se rend en Union soviétique où il rencontre Bertolt Brecht, avec lequel il travaillera par la suite. De retour aux États-Unis, il commence sa carrière de réalisateur tout en s’investissant dans le parti communiste, ce qui lui vaut d’être inquiété par les instances maccarthystes. Il est donc contraint de s’exiler au Royaume-Uni et réalise dès lors tous ses films en Europe. Dans les années 1960, il rencontre Harold Pinter, qui va scénariser trois grands jalons dans sa filmographie : The Servant, Accident et The Go-Between, qui obtient la Palme d’or au Festival de Cannes 1971.