The Affair
La disparition récente du cinéaste japonais Kiju Yoshida, figure majeure de la « Nouvelle Vague japonaise », est l’occasion de présenter la copie de son film Jo-en préservée dans nos collections. Réalisé en 1967, au cours de la décennie la plus prolifique du cinéaste et deux ans avant son célèbre Eros + Massacre, Jo-en est adapté d’un roman de Masaaki Tashihara. Bel exemple de la démarche à la fois sobre et audacieuse de Yoshida, le film vient compléter une série de drames dans lesquels il met en scène des personnages de femmes modernes sous les traits de Mariko Okida, son épouse et muse. Il s’agit de l’une des premières œuvres produites par la compagnie Gendai Eigasha, que le cinéaste vient alors tout juste de fonder.
Une jeune femme mariée, mal dans sa peau, traumatisée par la mort accidentelle de sa mère, cherche à nouer des relations avec les anciens amants de celle-ci.
« On retrouve une liberté de narration où passé et présent alternent, une fluidité de la caméra qui scrute le personnage central. Yoshida a voulu filmer à distance un sujet trop brûlant pour être touché directement. Un recours fréquent aux longues focales contribue à donner cette impression de froideur dans le style. » (La Presse, 1968)
Yoshishige Yoshida
Né en 1933 dans la ville japonaise de Fukui, Yoshishige Yoshida, dit Kiju Yoshida, est marqué dans son enfance par les bombardements de la fin de la guerre, qui n’épargnent pas sa maison. Sa famille déménage alors à Tokyo, où Yoshida étudie la littérature. Il rejoint les studios de la Shochiku en 1955 et réalise son premier film en 1960. Dans les années qui suivent, il s’impose comme l’une des figures de proue de ce qu’on appellera la « Nouvelle Vague japonaise ». Suite à un conflit avec la Shochiku, il fonde sa propre compagnie de production, Gendai Eigasha, en 1966. C’est ainsi qu’il réalise ses films d’avant-garde, dont Eros + Massacre, qui lui valent une reconnaissance internationale. Après une longue absence, qu’il passe au Mexique et au cours de laquelle il tourne surtout des documentaires pour la télévision, il revient au cinéma de fiction dans les années 1980 et reçoit les honneurs de nombreux festivals internationaux. Après une nouvelle absence de plusieurs années, il réalise son dernier film, Women in the Mirror, en 2002.
