Bad Lieutenant
Ce cycle de six films est l’occasion de replonger dans une période culte de l’œuvre d’Abel Ferrara. Ms .45, son deuxième long métrage, repose déjà sur des éléments qui feront le succès de ses films des années 1990 : la collaboration avec Nicholas St-John (qui scénarisera aussiKing of New York, The Funeral, Snake Eyes et Body Snatchers) et l’actrice Zoë Lund (qui coscénarisera Bad Lieutenant), l’univers du néo-noir et du thriller, ou le cadre de la ville de New York avec sa violence urbaine… La décennie 1990 voit Ferrara atteindre des sommets de mise en scène. Il flirte avec les expériences extrêmes dans des récits alliant criminalité et spiritualité ainsi qu’à travers les performances de ses acteurs – Christopher Walken et Harvey Keitel en tête. Le remake Body Snatchers annonce la façon dont Ferrara va explorer peu à peu d’autres horizons tout en nous offrant l’occasion de présenter les précédentes adaptations du roman de science-fiction dans le programme Body Snatchers.
Un policier corrompu accumule les dettes et les excès en tout genre. Joueur compulsif et pervers, il déambule dans les rues et consomme la drogue qu'il confisque aux toxicomanes. Ce père de famille irrécupérable se voit confier une enquête sur le viol d'une religieuse dans une église. Est-ce que cette nouvelle mission sera pour lui une route vers la rédemption ?
« [...] Ce film est l'aboutissement de la carrière de Ferrara. Entre deux images kitsch, il s'approche au plus près de la naissance et de la progression d'un mystère. Ce qu'il filme, c'est la montée, chez un être dont il exhibe les tares, d'un curieux virus qu'on pourrait baptiser la « maladie de Dostoïevski ». Harvey Keitel interprète ce "bad lieutenant" infiltré par la grâce. Il y est prodigieux, à la fois buté et ingénu, massif et fragile. Ferrara suit Keitel jusqu'au dernier plan : une voiture dans les rues de New York. Une voiture arrêtée, saisie en un long plan fixe. Plan qui ne saurait être que long, qui ne peut être que fixe, puisque là, soudain, en un instant, tout est consommé. » (Pierre Murat, Télérama, 2012)
Abel Ferrara
Né en 1951 dans le Bronx, Abel Ferrara grandit à New York, ville qui deviendra le décor de nombre de ses films. Étudiant à la San Francisco Art School, il commence à réaliser quelques courts métrages indépendants puis un film pornographique sous pseudonyme. Mais c’est The Driller Killer, long métrage à petit budget vite devenu culte qui, en 1979, lance sa carrière de cinéaste. Dans les années 1980, il fait ses armes dans la veine du néo-noir avec la complicité de Nicholas St. John, qui va scénariser presque tous ses films jusqu’à The Funeral en 1996. Après le succès public et critique de ses films des années 1990, Ferrara commence à explorer d’autres avenues dramatiques et à ralentir son rythme de production. À partir des années 2010, il entame une nouvelle période de son parcours, marquée par sa collaboration avec un nouvel acteur fétiche, Willem Dafoe, et par son départ en Europe, où il a plus de facilité à faire financer ses projets atypiques.
Explorer
À lire sur notre blogue
Les débordements d'Abel Ferrara
Au début de la carrière de Ferrara et au cours de sa faste période de la première moitié des années 1990, quelque chose se joue au cœur de ses films de l’ordre du débordement – au sens de démesure, d’outrance et de jaillissement. Tout dans son cinéma semble alors sur le point de basculer: les individus, la ville, la société, le cinéma lui-même… (...)
