À l’instar du genre jubilatoire qu’elle désigne, l’expression « western spaghetti » n’a cessé de gagner en estime et en sympathie. Né au milieu des années 1960, le western à l’italienne est un univers à part entière, dont le langage de cinéma, le ton anarchisant et l’iconographie spectaculaire ont eu un impact considérable. Présenté en collaboration avec l’Institut culturel italien de Montréal, ce cycle réunit les incontournables des « trois Sergio » (Leone, Corbucci, Sollima) et une sélection diversifiée de films des principaux cinéastes de la période. De quoi saisir la richesse d’un genre dont la beauté stylistique n’a d’égale que la saleté de ses protagonistes, et qui a su être tour à tour irrévérencieux et lyrique, drôle et violent, bon-vivant et politique, sombre et lumineux. Les versions présentées ont été choisies en fonction d’éléments tels que la langue (tous ces films étaient doublés, il n’y a donc pas de version « originale » unique), l’entièreté du montage et les restaurations récentes.
Le solitaire Django, après avoir pris la défense d’une prostituée, se retrouve au milieu du conflit opposant des révolutionnaires mexicains à une bande de confédérés suprémacistes. S’attaquant au fanatisme et au racisme, Corbucci signe l’un des westerns les plus violents jamais réalisés et révèle une star en la personne de Franco Nero (qui jouera entre autres dans Le mercenaire du même Corbucci et Keoma de Castellari). Le nom Django sera abusivement repris à des fins d’exploitation pour une trentaine d’autres films. Tarantino a quant-à-lui rendu explicitement hommage au film de Corbucci avec son Django Unchained.
Sergio Corbucci
Né en 1926 à Rome, Sergio Corbucci travaille pendant un temps comme journaliste avant de devenir assistant réalisateur. Il débute sa carrière de cinéaste en 1951 avec un mélodrame, Salvate mia figlia, et œuvre au cours des années qui suivent dans tous les genres populaires en vogue, du film musical au péplum en passant par des comédies mettant en vedette Totò. En 1964, il réalise coup sur coup deux westerns, Massacre au grand canyon et Minnesota Clay, devenant aux côtés de Sergio Leone un pionnier du « western spaghetti ». Au sein de ce genre, Corbucci va faire de l’acteur Franco Nero une icône et va signer ses plus grandes réussites, qui se distinguent par leur noirceur et leur cruauté exacerbées, comme Django, Le grand silence ou Le mercenaire. Il réalise encore quelques westerns dans les années 1970, mais renoue surtout avec la comédie populaire, genre auquel il va essentiellement se consacrer pendant le reste de sa carrière.