El Chuncho
À l’instar du genre jubilatoire qu’elle désigne, l’expression « western spaghetti » n’a cessé de gagner en estime et en sympathie. Né au milieu des années 1960, le western à l’italienne est un univers à part entière, dont le langage de cinéma, le ton anarchisant et l’iconographie spectaculaire ont eu un impact considérable. Présenté en collaboration avec l’Institut culturel italien de Montréal, ce cycle réunit les incontournables des « trois Sergio » (Leone, Corbucci, Sollima) et une sélection diversifiée de films des principaux cinéastes de la période. De quoi saisir la richesse d’un genre dont la beauté stylistique n’a d’égale que la saleté de ses protagonistes, et qui a su être tour à tour irrévérencieux et lyrique, drôle et violent, bon-vivant et politique, sombre et lumineux. Les versions présentées ont été choisies en fonction d’éléments tels que la langue (tous ces films étaient doublés, il n’y a donc pas de version « originale » unique), l’entièreté du montage et les restaurations récentes.
Chuncho, à la fois bandit et guérillero mexicain, se lie d’amitié avec un dandy américain dont les apparences se révéleront trompeuses. El Chuncho est le premier spécimen d’un sous-genre: le « western zapata », qui s’ancre dans la révolution mexicaine de 1910 pour véhiculer un propos ostensiblement politique, à saveur anti-impérialiste (Sergio Leone s’inscrira dans la mouvance tout en faisant preuve de distance dans Il était une fois la révolution). Damiani soulignait que le terme même de western, associé à l’Ouest et à la culture états-unienne, devient ici un contre-sens.
Damiano Damiani
Né en 1922, Damiano Damiani découvre le cinéma très jeune. Avant de devenir scénariste puis cinéaste, Damiani a œuvré comme décorateur et illustrateur, de bandes dessinées notamment. Il entame sa carrière dans les années 1960 et rencontre vite le succès. En 1966, il réalise El chuncho, son premier western spaghetti, qui inaugure en quelque sorte le filon du « western zapata » (ancré dans la révolution mexicaine) et dont le ton très politique est représentatif de l’œuvre à venir du cinéaste. En effet, dans les années 1970, Damiani réalise plusieurs films sur la mafia et la collusion entre le pouvoir et le monde criminel, dont Confession d’un commissaire de police au procureur de la République. Il tourne un second western spaghetti en 1975 : Un génie deux associés une cloche, sur une idée de Sergio Leone qui pense le film comme une suite à Mon nom est Personne.