Johnny Hamlet
À l’instar du genre jubilatoire qu’elle désigne, l’expression « western spaghetti » n’a cessé de gagner en estime et en sympathie. Né au milieu des années 1960, le western à l’italienne est un univers à part entière, dont le langage de cinéma, le ton anarchisant et l’iconographie spectaculaire ont eu un impact considérable. Présenté en collaboration avec l’Institut culturel italien de Montréal, ce cycle réunit les incontournables des « trois Sergio » (Leone, Corbucci, Sollima) et une sélection diversifiée de films des principaux cinéastes de la période. De quoi saisir la richesse d’un genre dont la beauté stylistique n’a d’égale que la saleté de ses protagonistes, et qui a su être tour à tour irrévérencieux et lyrique, drôle et violent, bon-vivant et politique, sombre et lumineux. Les versions présentées ont été choisies en fonction d’éléments tels que la langue (tous ces films étaient doublés, il n’y a donc pas de version « originale » unique), l’entièreté du montage et les restaurations récentes.
Le prolifique Enzo G. Castellari (Keoma) réalise ici une libre adaptation du Hamlet de Shakespeare, transposé à la fin de la guerre de Sécession, d'où le titre anglais Johnny Hamlet. Le film se démarque justement par sa théâtralité aux accents oniriques. C'est Sergio Corbucci (Django, Le grand silence) qui eut l’idée initiale d’adapter Hamlet en western.
Enzo G. Castellari
Né en 1938 sous le nom de Enzo Girolami, Castellari est le fils du réalisateur Marino Girolami et baigne dans l’univers du cinéma dès son enfance. Il exerce différents métiers sur les plateaux (scénariste, assistant de production, assistant réalisateur) avant de passer à la réalisation avec le western spaghetti Je vais, je tire et je reviens, qui remporte un franc succès. Il enchaîne alors plusieurs westerns avant de passer à d’autres genres, du film de guerre au film policier en passant par le giallo. En 1976, alors que la période du western spaghetti semble révolue, il signe Keoma, en quelque sorte le chant du cygne du genre. De la fin des années 1970 aux années 1990, il s’impose dans différents courants du cinéma d’exploitation de série B, des poliziotteschi aux films postapocalyptiques, où il se démarque par sa façon de mettre en scène les séquences d’action.