La grande illusion
Parmi les pionniers de l'histoire du cinéma, Erich von Stroheim est sans doute l'un de ceux qui a le plus misé sur l'invention de son propre mythe. Ce héros d'un autre temps semblant porter sur ses épaules la fin de l'empire austro-hongrois était un inventeur de formes remarquable, créant dès ses tous premiers films muets des joyaux de narration, portés par un art du montage époustouflant. Bien qu'il ait joué souvent dans les films qu'il réalisait, c'est Greed, son grand chef-d'œuvre où il ne joue pas qui fera de lui le premier cinéaste maudit. Aucune version de ce film ne correspond exactement au film qu'il avait tourné et qui fut rapidement charcuté. Avec l'avènement du cinéma parlant, il devint simple acteur (de génie) traversant avec sa légendaire silhouette d'innombrables films.
« [...] Sorti en 1937, soit deux ans avant le début de la Deuxième Guerre mondiale, La grande illusion se déroule pendant la Première Guerre mondiale. Divisé en trois actes, le film s’attarde aux interactions entre quatre hommes : le lieutenant Maréchal (Jean Gabin), le capitaine de Boëldieu (Pierre Fresnay), et le lieutenant Rosenthal (Marcel Dalio), trois Français, et l’Allemand von Rauffenstein (Erich von Stroheim), un commandant qui deviendra capitaine. De camps de prisonniers en tentatives d’évasion, les quatre hommes sympathisent. Boëldieu et von Rauffenstein, deux aristocrates, se vouent un respect mutuel particulier sous l’oeil parfois perplexe de Maréchal et de Rosenthal, respectivement mécanicien et couturier. [...] » (François Lévesque, Le Devoir, 2017)

Jean Renoir
Jean Renoir, est né à Paris le 15 septembre 1894 et est mort le 12 février 1979 à Beverly Hills. Deuxième fils du célèbre peintre Auguste Renoir, ses films ont profondément marqué les mutations du cinéma français entre 1930 et 1950, avant d'ouvrir la voie à la Nouvelle Vague. Après avoir combattu dans l'armée lors de la Première Guerre mondiale, il dirige sa femme et son frère aîné dans son premier film en 1924, La Fille de l'eau. Le succès n'est pas au rendez-vous mais le jeune Jean, passionné de cinéma, ne baisse pas les bras. Sa carrière décolle vraiment avec La Chienne, en 1931. La Grande illusion, avec Jean Gabin ou La Règle du jeu, sont considérés aujourd'hui comme des chefs-d'oeuvres majeurs du cinéma mondial. Au début des années 40, alors que la guerre est déclarée, il part s'installer à Hollywood. Il y réalise de nombreux films comme Vivre libre, L'Homme du Sud, Le Journal d'une femme de chambre, mais le succès n'est pas au rendez-vous. Il décide donc de revenir en France au début des années 50. Il tourne alors plusieurs chefs-d'oeuvre comme Le Carrosse d'or ou French Cancan. En 1962, il tourne son dernier film de cinéma,* Le Caporal épinglé.* En 1975, il reçoit un Oscar d'honneur pour l'ensemble de sa carrière, avant de mourir quatre ans plus tard à Beverly Hills, en Californie.
