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Table des matières
MADELEINE PARENT
Par Sophie Bissonnette, avec la collaboration d'Andrée Lévesque
octobre 2023

L'éveil aux injustices (1918-1940)

Madeleine Parent est sensibilisée très tôt aux inégalités sociales, tout d'abord dans sa famille, puis à l'école et à l'université. Elle connait une éducation atypique : en optant pour l'Université McGill au premier cycle, elle échappe ainsi aux collèges classiques catholiques que doivent fréquenter les francophones, à une époque où il faut préalablement détenir un baccalauréat pour être admise à l'Université de Montréal ou à l'Université Laval. Les études universitaires sont le privilège des élites, d'où les premiers engagements militants de Madeleine en faveur de bourses pour les moins nantis.

Sa conscience sociale explique son intérêt pour l'action syndicale en particulier auprès des travailleuses les plus exploitées, dans l’industrie du vêtement et du textile, alors que les conditions de travail des travailleuses sont exacerbées par la dépression économique qui persiste encore en 1937 quand les midinettes de Montréal déclarent la grève.

Madeleine Parent. Photo de graduation. Studio Rice.

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Des rencontres déterminantes et le choix de l’organisation syndicale (1937- 1942)

C’est pendant ses études à l’université McGill que Madeleine Parent rencontre Léa Roback qui s’était fait connaître durant la grève des midinettes de 1937 organisée par l’Union internationale des ouvriers du vêtement pour dames (ILGWU/UIOVD). Celle-ci devient une inspiration. Madeleine fait ses premières armes dans le mouvement syndical en tant que secrétaire au comité d’organisation du Conseil fédéré des métiers et du travail de Montréal. Avec la guerre et les besoins accrus de main d’œuvre, les femmes sont recrutées dans l’industrie lourde, les usines de munition et l’avionnerie, mais aussi dans les industries traditionnelles. C’est aussi une période d’expansion pour le syndicalisme. Madeleine fait bientôt de l’organisation syndicale dans les usines textiles Merchants Cotton et Dominion Textile. En 1942, elle rencontre Kent Rowley, organisateur syndical dans une usine d’explosifs ainsi que dans l’usine textile Montreal Cottons de Valleyfield.

Madeleine Parent adressant la parole à la Fête du Travail, Valleyfield, 1948. Bibliothèque et Archives Canada, PA-120397.

Notes
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Bibliothèque et Archives Canada, C51719.

Les conditions de travail et l’organisation syndicale des femmes dans l’industrie textile (1942-1946)

En 1943, Madeleine Parent fait ses débuts dans l'organisation syndicale auprès des travailleuses du textile à l'usine de coton Merchants de Saint-Henri pour le syndicat des Ouvriers unis des textiles d’Amérique (UTWA/OUTA), un syndicat industriel.

Les travailleuses l'accueillent favorablement, fières de participer aux assemblées syndicales au même titre que les hommes, et contentes qu'on s'intéresse à leurs conditions de travail spécifiques telles le favoritisme, la discrimination, le harcèlement, la pénibilité des tâches, la cadence, le travail à la pièce et parfois la présence de leurs enfants, auxquelles s'ajoutent leurs responsabilités domestiques et la maternité. L'attention qu'accorde le syndicat à leurs revendications encourage le militantisme et la solidarité qui s'avéreront essentiels lors des négociations ou pendant les conflits ouvriers.

Madeleine est aussi consciente de la discrimination subie par les travailleurs en tant que francophones notamment à l’usine de Valleyfield où les postes de gérants et de surintendants sont détenus par des anglophones.

Notes
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Bibliothèque et Archives Canada. PA-178141.

Les grèves à Dominion Textile : Montréal et Valleyfield (1946)

En 1946, quand le Canada est secoué par la plus grande vague de conflits ouvriers depuis les grandes grèves de 1919, Kent Rowley, organisateur des Ouvriers unis des textiles d’Amérique (UTWA/OUTA), et Madeleine Parent, mènent des grèves dans les usines textiles de la compagnie Dominion Textile à Valleyfield et à Montréal. La compagnie Dominion Textile domine l’industrie textile qui est le secteur industriel qui emploie la plus forte proportion de femmes au Québec, traditionnellement réputées pour être des travailleuses dociles et exploitables.

À l’opposition de la compagnie, déterminée à décertifier le syndicat, s’ajoute l’hostilité d’un pouvoir politique intensément antisyndical incarné par Maurice Duplessis et son gouvernement d’Union nationale. Pendant cent jours, la lutte pour obtenir l’accréditation du syndicat du local 100 et l’amélioration des conditions de travail est marquée par l’intervention du clergé pour discréditer les grévistes et les organisateurs syndicaux, par l’action policière en faveur de la compagnie et des briseurs de grève, par le harcèlement de la part de la compagnie et par les accusations de communisme dirigées contre les organisateurs. Madeleine et Kent seront arrêtés et devront subir des procès.

La Guerre froide affecte directement le mouvement ouvrier quand les revendications sociales et le militantisme ouvrier deviennent suspects et sont souvent qualifiés de communistes. Très populaire auprès de la population, la grève de Valleyfield se termine par une victoire pour les travailleuses et les travailleurs avec la reconnaissance du syndicat et la signature d’une convention collective. À 28 ans, Madeleine est devenue une héroïne auprès des travailleuses du textile.

Kent Rowley au centre de la rue Dufferin. Grève à la Montreal Cotton, Valleyfield, juin 1946. Bibliothèque et Archives Canada, PA-107331.

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Transcription des entretiens

Madeleine Parent lors de la Marche du 1er mai. 1949. Bibliothèque et Archives Canada, PA-178142. Numéro d'identification 3257043.

La grève  de Ayers Woollen Mills à Lachute (1946-1947) 

En réponse à l’appel de travailleurs et de travailleuses de l'usine de filature de laine Ayers de Lachute, Madeleine entreprend l’organisation d’une grève, déclenchée en avril 1947, pour réclamer des augmentations de salaires et une amélioration des conditions de travail. Quelque six cent travailleurs s’engagent dans un long conflit de travail où s’affichent les rivalités intersyndicales et le maraudage entre les Ouvriers unis des textiles d'Amérique (UTWA/OUTA), le syndicat de Madeleine et Kent, et l'Union des ouvriers du textile d'Amérique (TWUA/UOTA), la forte répression policière et le climat d’anticommunisme qui imprègne l’Amérique d’après-guerre. 

Madeleine Parent, Kent Rowley et l’organisateur syndical Azélus Beaucage sont appréhendés plus d’une fois pour obstruction à la police, incitation à la grève et piquetage illégal, puis sous l’accusation beaucoup plus sérieuse de conspiration séditieuse. Si la grève se termine par un échec, elle passera dans les annales pour le procès de Madeleine pour sédition.

Grève des ouvriers de la compagnie Ayers à Lachute, en 1947. Bibliothèque et Archives Canada, PA-107357.

Notes
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De gauche à droite : Monsieur Gauthier, directeur de la prison ; Maitre Bernard Mergler, avocat du syndicat ; Azellus Beaucage ; Madeleine Parent ; Maitre Roger Ouimet, avocat. Palais de Justice de St-Jérôme lors du procès pour conspiration séditieuse, 6 février 1948. Bibilothèque et archives du Canada. PA-107356.

Le procès pour conspiration séditieuse (1947-1955)

Avec en toile de fond la Guerre froide et son anticommunisme virulent, ainsi que l'antisyndicalisme de l'Union nationale au pouvoir au Québec, s'ouvre ce qui allait être le plus long procès dans les annales judiciaires de la province. Lors du procès de Madeleine Parent pour conspiration séditieuse (contre l’état?) et intimidation des employés de la compagnie Ayers, les procureurs feront venir plusieurs témoins dans une tentative de l'associer, ainsi que Kent Rowley, au mouvement communiste, même si le Parti communiste du Canada comptait fort peu d'adhérents au Québec. 

Le procès à St-Jérôme débutera en 1947. Après sa condamnation, Madeleine interjettera appel mais, le premier procès ayant été annulé, la Cour d’appel ordonna la tenue d’un autre procès qui fut retardé d’année en année jusqu’à l’acquittement de Madeleine en 1955

Au bureau du shérif à la prison de St-Jérôme pendant la détention de Madeleine Parent – Photographie – The Gazette / Bibliothèque et Archives Canada – [1968-140 NPC] PA-47861.

Notes
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Assemblée des grévistes à l'hotel de ville de Valleyfield, août 1946. Collection Madeleine Parent et Kent Rowley, MUSO. 1999.23.03.

Le travail des femmes et leur place dans les syndicats au Québec (années 1940 et 1950)

Malgré les gains obtenus pendant la guerre en ce qui a trait aux salaires et aux conditions de travail, après la guerre la hausse du coût de la vie, la division sexuelle du travail et les inégalités salariales affectent particulièrement les travailleuses. 

Très sensible aux inéquités salariales, Madeleine Parent réclame un salaire égal pour un travail égal, puis, en accord avec la position de l’Organisation internationale du travail, elle revendique un salaire égal pour un travail d’égale valeur, soit l’équité salariale.    

La carrière de Madeleine illustre l’évolution de la situation des femmes dans les syndicats : elle est la première femme à siéger au comité exécutif du Conseil des métiers et du travail de Montréal, elle deviendra co-fondatrice de la Confédération des syndicats canadiens.

Troisième conférence nationale des ouvriers unis des textiles d'Amérique. Ottawa, août 1947. La photographie de Kent Rowley souligne son absence comme il est alors toujours en prison. Photo de T. V. Little.

Kent Rowley (1942-1978)

Quand Madeleine rencontre, en 1942, Kent Rowley qui est alors directeur canadien des Ouvriers unis des textiles d'Amérique (UTWA/OUTA), elle est mariée à l’organisateur syndical Val Bjarnason. Jusque dans les années 1960, au Québec seul le Sénat canadien pouvait accorder un divorce et les catholiques qui en avaient les moyens faisaient annuler leur mariage par l'Église de Rome. Après la guerre, d’un commun accord, Madeleine et Val décident de divorcer, mais pour éviter un scandale pendant les négociations syndicales, ils retarderont les procédures jusqu’en 1952. 

Madeleine et Kent Rowley se marient en 1953, ils partagent les mêmes idéaux, les mêmes passions pour leur travail et les mêmes approches dans l’organisation ouvrière. Ils créeront ensemble la Confédération des Syndicats canadiens. Ils eurent un mariage heureux jusqu'à ce que Kent décède à la suite d'une crise cardiaque en 1978.

Kent Rowley s'adresse aux grévistes sur la line de piquetage à la Montreal Cotton, juin 1946. Bibliothèque et Archives Canada, PA10737.

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L'affrontement avec l'union internationale (1949-1952)

Les accusations d’allégeance au communisme formulées contre Madeleine Parent n’émanaient pas seulement du clergé catholique et du pouvoir politique, mais aussi de la part des syndicats internationaux. Pendant la Guerre froide, les syndicats, tout comme les organisations social-démocrate et socialistes, redoutent plus que tout d'être accusés de sympathies communistes. Les syndicats internationaux, comme les Ouvriers unis des textiles d'Amérique, prennent leurs distances avec les syndicats et les organisateurs et organisatrices soupçonnés d'être communistes. La deuxième grève à la Dominion Textile de Valleyfield, en 1952, fournit à l'UTWA/OUTA le prétexte pour expulser du syndicat Madeleine Parent et Kent Rowley.

Notes

Maurce Duplessi à une assemblée durant les années 1930. Bibliothèque et Archives Canada, C-20593.

Duplessis (1944-1959)

Madeleine Parent était sans contredit la bête noire du premier ministre Maurice Duplessis. Conservateur aux accents populistes, catholique et défenseur des valeurs traditionnelles, le Premier ministre favorise le paternalisme dans les relations de travail. Les lois ouvrières, rétroactives, reflètent sa méfiance des syndicats et sa hantise des communistes. Pendant ses deux derniers mandats, une opposition gagne en importance dans les syndicats comme dans les milieux culturels et politiques. Lors de sa mort subite en 1959, les Libéraux étaient prêts à prendre le relais et à instaurer une ère de réformes bientôt connue sous le nom de « Révolution tranquille ».

Notes

La Crise d'Octobre au Québec (1970)

La Loi sur les mesures de guerre, proclamée le 16 octobre 1970 pour venir à bout du Front de Libération du Québec, n’est pas sans affecter Madeleine Parent et Kent Rowley. Alors qu’ils vivent ensemble en Ontario depuis 1967, leur maison à Montréal fait l’objet de plusieurs perquisitions par les forces policières.

Notes

La Confédération des syndicats canadiens (1952-1969)

En 1954, suite à leur expulsion du syndicat international, Madeleine Parent et Kent Rowley mettent sur pied le Conseil canadien du textile (CCT) et militent désormais dans le syndicalisme canadien, indépendant des centrales américaines, moins bureaucratique et plus près de la base ouvrière. Déménagé en Ontario en 1952 à la fin de la grève à Dominion Textile, Kent continue son travail d'organisateur au sein du CCT qui devient le Syndicat canadien des travailleurs du textile et de la chimie (SCTTC) pendant que Madeleine poursuit ce qu'elle nomme « un combat d'arrière-garde » au Québec. En 1956, une première victoire à l'usine de tapis Harding de Brantford s'avère cruciale pour le syndicalisme canadien.

Convention constitutive de la Confédération des syndicats canadiens, Sudbury, Ontario, 1969.

Madeleine part à son tour résider avec Kent à Brantford en 1967. À Sudbury, en juillet 1969, le couple fonde la Confédération des syndicats canadiens (CSC) qui réunit dans plusieurs provinces des syndicats indépendants dans le textile, la pulpe et le papier et la construction : Kent en est le secrétaire-trésorier et Madeleine siège à l'exécutif en tant que représentante du SCTTC. Le climat est favorable au nationalisme syndical : la gauche canadienne, incarnée par le mouvement Waffle dans l'aile gauche du Nouveau Parti démocratique, combat la mainmise américaine tant sur les syndicats que sur l'économie. Ces nationalistes progressistes appuient les grèves menées par le SCTTC à l'usine Texpack de Brantford, en 1971 ainsi qu'à Artistic Woodwork à Toronto en 1973. Les années 1970 marquent pour Madeleine Parent un engagement dans le syndicalisme canadien et plus particulièrement auprès des travailleuses immigrantes.

Bricklayers Masons Independant Union of Canada.

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Les grèves dans l’industrie manufacturière en Ontario (1971-1973)

En Ontario, trois grèves mettent en relief les talents d’organisatrice de Madeleine. La première à l'usine Texpack, filiale de l'American Hospital Supply Company près de Brandford en 1971, a mobilisé une main d'œuvre immigrante et s'est conclue par une victoire pour le Syndicat canadien du textile et de la chimie.

La seconde, Artistic Woodwork, à Toronto en 1973, aboutit, après trois mois, à une victoire de courte durée car on ne réussit pas à implanter le syndicat. La grève a toutefois joui d’un fort appui populaire et a réussi encore une fois à rejoindre des travailleuses et des travailleurs immigrants.

La troisième, à l'usine Puretex en 1976, est abordée plus bas sur cette page dans la section intitulée Les femmes dans les syndicats (extrait : La grève de Puretex Knitting et les caméras de surveillance). La grève, notamment contre l’installation de caméras de surveillance, a duré trois mois et s’est soldée par une victoire pour les travailleuses immigrantes.

Ces grèves illustrent l'hostilité des syndicats internationaux, la brutalité policière, l'intervention des briseurs de grèves, l'appui d'éléments progressistes en dehors du mouvement ouvrier – étudiants.es, féministes, groupe Waffle du NPD - et la dimension politique et nationaliste des luttes syndicales menées par Madeleine Parent.

Brutalité policière sur la ligne de piquetage pendant la grève à Artistic Woodwork, novembre 1973. Photo : Janice Acton

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Réunion de l’exécutif du Syndicat du textile et des produits chimiques à Brantford en 1983. Photo de Laurel Ritchie.

Les femmes dans les syndicats (années 1940 à 1970)

Depuis le début de sa carrière d’organisatrice syndicale, Madeleine Parent accorde une importance particulière aux conditions de travail des travailleuses. En Ontario, où elle s’établit en 1967, elle poursuit son travail auprès des femmes issues de l’immigration, Italiennes, Grecques, Chinoises, Portugaises et Afro-Canadiennes. Ces travailleuses accèdent à des postes de responsabilités dans les locaux du Syndicat canadien du textile et de la chimie et les réunions offrent la traduction dans la langue de chacune.

Constatant la spécificité du travail féminin, Madeleine réclame des congés de maternité avec reconnaissance de l’ancienneté depuis le début de l’embauche. Une grève en particulier illustre l’action de Madeleine auprès des travailleuses immigrantes, celle de l’usine de confection de vêtements Puretex à Toronto en 1978 contre l’installation de caméras de surveillance. La grève de trois mois, très populaire chez les travailleuses, s’est soldée par une victoire pour les travailleuses immigrantes.

Conférence de presse pour annoncer le déclenchement de la grève à Puretex, Toronto, 1978. Collection de Laurell Ritchie.

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La délégation québécoise à l’assemblée générale du Comité canadien d’action sur le statut de la femme. Photo de Laurel Ritchie.

L'émergence du mouvement autonome des femmes au Canada (1970-1973)

Dans les années 1970, Madeleine Parent en vient à s'identifier de plus en plus au mouvement féministe. Une coalition des groupes de femmes au Canada, dirigée par Laura Sabia, s’est mobilisée au sein du Comité pour l’égalité des femmes au Canada pour obtenir une Commission royale d'enquête sur la situation de la femme au Canada (Commission Bird). Madeleine participe activement à l’assemblée convoquée par la coalition à la suite du dépôt du rapport de la Commission en décembre 1970 pour discuter des recommandations de la Commission. À l’occasion de cette conférence « Strategy for change » en 1972, elle appuie la formation d'une coalition de groupes féministes autonomes, c'est-à-dire sans lien avec le gouvernement : c'est la fondation du Comité canadien d'action sur le statut de la femme (CCA). Elle s'assure de la représentation des travailleuses et fait de la campagne pour l'équité salariale une priorité. Elle sera aussi une alliée des femmes autochtones pour défendre leurs droits sur les réserves au même titre que les hommes.

Militantes de la Canadian Abortion Rights Action League et du National Action Committee on the Status of Women lors de la Journée internationale de la femme, à Toronto en 1983.

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L’appui aux femmes autochtones (années 1970 à 1990)

Depuis 1869, la Loi sur les Indiens retirait le statut d'Indienne aux femmes qui épousaient un homme qui n'était pas Indien ainsi qu'à leurs enfants. Grâce à l'action de Mary Two-Axe Earley et de l'Indian Rights for Indian Women, la Commission Bird recommande une modification de la loi pour mettre fin à la discrimination des femmes mariées autochtones. Madeleine Parent et le Comité d'Action sur le statut de la femme (CAC) se joignent au combat des femmes autochtones et, en 1985, le projet de loi C31 amende la Loi sur les Indiens pour mettre fin à cette discrimination en conformité avec l'article 15 de la Charte canadienne des droits.

Madeleine Parent en 1983 avec Mary Two-Axe Early (à droite), une militante Kanien’kehá:ka pour les droits des femmes autochtones. Photo de Laurel Ritchie.

En 1984, quand la fonctionnaire fédérale Mary Pitawanakwat est victime de harcèlement et de discrimination en Saskatchewan, elle porte sa cause devant la Commission canadienne des droits de la personne appuyée par le CAC, particulièrement par le Comité d'appui aux femmes autochtones où siège Madeleine Parent. Son combat durera plusieurs années et se soldera par une victoire en 1991. L'appui de Madeleine s'est transformé en amitié tout au long de la maladie qui emportera Mary peu après son retour au travail.

Madeleine ne cessera pas de dénoncer et de combattre les préjugés, la discrimination et tout acte de racisme, inspirée par ses premiers contacts avec les autochtones quand elle était enfant.

Mary Two-Axe Earley et Jenny Margetts lors d'une rencontre du National Action Committee on the Status of Women, mars 1977. Les archives canadiennes du mouvement des femmes (ACMF), Université d'Ottawa, 10-024-S11-F2-I6.

Notes
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Madeleine Parent au Sommet des peuples des Amériques, Québec, avril 2001. Photo : Lise Paré.

Une retraite active et solidaire (1983-1999)

L'entrevue avec Madeleine Parent se déroule en 1999, dans un contexte de libéralisme économique et d'austérité, sous le gouvernement péquiste de Lucien Bouchard. Très impliquée dans les débats politiques et économiques, elle fait le pont entre les mouvements populaires et le mouvement syndical, entre les groupes francophones et anglophones, et entre les générations. Dans les années qui suivent sa retraite elle est notamment active au Comité canadien d’action sur le statut de la femme, à Solidarité populaire Québec, à la Fédération des femmes du Québec et à la Marche mondiale des femmes. Parmi les causes qu'elle défend, il faut mentionner l'équité salariale, l'abolition de la « clause orphelin » dans les conventions collectives, la défense des droits humains, l’altermondialisation et l'accès à l'avortement.

Madeleine Parent lors de la Marche mondiale des femmes, octobre 2000. Source : La Rue des femmes de Montréal.

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Les confidences d'une militante

Madeleine confie à Françoise David, alors présidente de la Fédération des femmes du Québec, les principes qui l'ont guidée dans sa vie de militante, notamment l'importance d'être à l'écoute des travailleuses et des travailleurs et de garder son calme lors d’une négociation ou d’un affrontement. Elle évoque la passion qui l’a toujours animée pour lutter contre l'exploitation et éveiller les consciences ainsi que l'importance de la solidarité et de l'espoir dans un avenir meilleur.

Madeleine Parent lors de la Marche du 1er mai. 1949. Bibliothèque et Archives Canada, PA-178142. Numéro d'identification 3257043.

Abby Lipman tenant une pancarte représentant Madeleine Parent. Photo par Danièle Lacourse.