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Lieu
Salle Norman-McLaren
Artiste(s)
Sylvain L'Espérance
Admission
Entrée libre
Cycle
Symposium cinéma expérimental : Créer / performer / conserver

En 2015, nous avions proposé un premier symposium sur le cinéma expérimental. Sous le même titre (Créer/performer/conserver) nous reprenons aujourd’hui cette formule, en invitant des cinéastes, chercheurs et spécialistes du cinéma expérimental afin de discuter de l'histoire et de la pratique actuelle de ce cinéma ainsi que de sa place dans notre programmation. Nous proposons aussi, en soirée, des programmes relevés qui entremêlent courts métrages récents, performances et projections en 8mm de films de la série Songs de Stan Brakhage conservés dans nos collections.

Le coup d'envoi du Symposium sera donné par le vernissage de l'exposition Animal Macula de Sylvain L'Espérance le 9 juin à 17 h.

Du 9 juin au 14 août 2022

Animal Macula repose sur un travail archéologique colossal, à la recherche d’occurrences de représentations animales dans les archives du cinéma mondial des 125 dernières années. De cette somme considérable de plans, mémorables ou oubliés, Sylvain L’Espérance propose un assemblage réfléchi d’où émane un rapport complexe et trouble, souvent violent, entre l’humain et les animaux. L'installation présentée dans la Salle Norman-McLaren s'impose comme une confrontation entre ces images et les visiteurs-spectateurs.

Le vernissage d'Animal Macula sera le 9 juin à 17 h.

Nous assistons dans cette installation à une trajectoire, celle d’un spectateur créatif, attentif aux nombreuses itérations de l’animal à la merci ou captif de l’objectif de la caméra de cinéma. Bien entendu, les motivations de la chasse alimentent diverses variations des représentations animales dans les images qui sont montrées, mais ce qui fascine nettement dans le travail de montage et de recherche opéré de façon souvent virtuose par Sylvain L’Espérance a trait à l’accumulation, à la répétition jusqu’à une forme de compulsion du regard de l’œil humain, transmué en caméra. Ainsi l’animal, régulièrement, occupe la place de la proie.

Animal Macula

Animal Macula de Sylvain L'Espérance

Animal Macula de Sylvain L'Espérance

Cette violence parfois insupportable pour le spectateur d’aujourd’hui confronté aux images qui ont nourri le cinéma pendant des décennies suppose aussi cette conséquence implacable, posée en creux sans pour autant qu’elle nous échappe : la disparition des espèces. Il y a dans la nature même du point de vue cinématographique cette objectivation de la vie dans sa dimension éphémère, d’autant plus vibrante lorsqu’elle apparaît ici, dénuée de ses effets narratifs au long cours, chaque plan de film emprunté faisant effet pour lui-même, dans sa juxtaposition avec d’autres, sans autres histoires à raconter que celles du cinéma.

La fin d’une aventure, donc, diverse et foisonnante ? Aux portes d’une sorte de désespoir, nous reculons d’un pas, nous revoyons des bouts de films connus, nous en revoyons d’autres inédits, oubliés, et ce qui se réanime sous nos yeux, par une alchimie mystérieuse, fait parfois l’effet d’un enchantement.

Quelque chose comme un code Morse silencieux : Entretien avec le réalisateur Sylvain L’Espérance autour de l’installation Animal Macula

Fruit de deux années de travail et du visionnement de plus de 500 œuvres, l’installation Animal Macula, présentée gratuitement à la Cinémathèque québécoise du 9 juin au 14 août 2022, est un miroir de notre cohabitation trouble avec le règne animal. Composée de fragments de 180 films qui traversent 125 ans d’histoire du cinéma, cette œuvre - initialement présentée comme un long-métrage - donne à voir la manière dont l’histoire du septième art porte en elle, comme un inconscient souterrain, les traces d’une disparition, les révélations d’une violence sourde. Pour Sylvain L’Espérance et pour sa collaboratrice Marie-Claude Loiselle, là où nous détournons le regard, le cinéma rend visible - souvent sans le vouloir - cette violence qui autrement demeurerait occultée. Ce que le cinéma nous dit tient peut-être en ces trois mots : « Je veux voir ».

Sylvain L'Espérance

Né à Montréal, Sylvain L’Espérance a étudié les arts visuels et le cinéma. Il a réalisé une douzaine de films qui allient cinéma direct et recherche expérimentale dans une exploration poétique du réel. Ses films ont été présentés dans les grands festivals documentaires à travers le monde. Intérieurs du delta a reçu le Prix de la meilleure réalisation au Festival dei Popoli de Florence (2010) et Sur le rivage du monde, le Grand Prix de la compétition internationale au DOK.fest de Munich (2013). Combat au bout de la nuit a été présenté dans la section Panorama de la Berlinale (2017). Animal Macula s'est quant à lui mérité le Prix spécial du jury de la compétition nationale longs métrages aux RIDM 2021.