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CinémaAnimation et musique

Marco de Blois
20 juillet 2021
Animation et musique

Notre sélection de films d’animation pour le cycle Musique ! propose un retour sur le lien quasi conjugal de l’image animée et de la musique.

Heavy Metal (1981), du Canadien Gerald Potterton, est un cas canonique. Ce film de science-fiction et d’érotisme, pure œuvre d’exploitation destinée aux ados et aux jeunes adultes, ayant été réalisée à Montréal (principalement) et dans quatre autres villes Los Angeles, New York, London, Montreal and Ottawa, emprunte les tubes heavy metal et rock de l’époque (Black Sabbath, Blue Oyster Cult, Cheap Trick, Devo, Grand Funk Railroad, Journey, Nazareth, etc.) pour tisser des récits fantastiques inspirés de la revue de bande dessinée Métal hurlant.

Sorti la même année, American Pop, de Ralph Bakshi, sur une note plus personnelle, repose sur un principe similaire de juke-box musical conçu à partir de succès de la musique américaine du XXe siècle. Le court métrage bulgare Les mimes de la chanson (ou Bouffosinchronistes, 1975), de Proykov Proyko, que nous présentons avant le Bakshi, consiste, pour sa part, en une série d’appropriations jouissives (et sûrement non autorisées) de ritournelles de l’époque.

Heavy Metal (Gerald Potterton)

Cette façon de puiser dans le répertoire pop atteint un sommet dans Seder-Masochism (2018), de Nina Paley, où la réalisatrice réinterprète le Livre de l’Exode en faisant usage de dizaines de chansons de toutes les époques, depuis le folklore jusqu’à Dalida en passant par les Beatles, souvent à des fins satiriques ou parodiques. Allegro non Troppo (1976), de Bruno Bozzetto, plonge pour sa part dans les compositions classiques pour décliner une version à la fois narquoise et respectueuse du célèbre Fantasia de Disney.

Pink Floyd: The Wall (1982), Jack et la mécanique du cœur (2013) et Make It Soul (2018) nous amènent sur d’autres pistes, d’autres stratégies, toutes pleines d’esprit. Si le film d’Alan Parker est essentiellement tourné en prises de vues réelles, il marque les esprits par ses courtes animations de Gerald Scarfe, qui prolongent le propos et étoffent les métaphores à l’aide de caricatures surréelles et macabres. Plus près de la comédie musicale, Jack et la mécanique du cœur, de Mathias Malzieu et Stéphane Berla, présente, en animation 3D, un monde suranné où les jouets mécaniques de la fin du XXe siècle auraient contaminé les vivants, et où le personnage de Méliès, par l’entremise de ses films, introduit ravissement et émotion. Les chanteurs Grand corps malade, Babet et Arthur H, pour ne nommer que ceux-là, ont prêté leurs voix au long métrage inspiré à la fois du livre La mécanique du cœur de Mathias Malzieu et de l’album éponyme du groupe Dyonisos. Enfin, Jean-Charles Mbotti Malolo, dans le court Make It Soul, évoque la rencontre des chanteurs Solomon Burke et James Brown en 1965 tout en rendant hommage à la soul américaine. Danse, mouvements, musique : il s’agit d’un film complet qui rappelle que le réalisateur est aussi danseur.