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Image tirée de Video Performance With Kitchen or Kitchen Performance With Video, Lynda Perry, 1978.

C’est à la fois brut, quotidien, réflexif et ennuyeux, l’ennui d’une réalité filmée et observée sans les fards habituels des médias; tournage en continu d’actions diverses générant « l’Ennui, au sens classique d’une confrontation existentielle avec la réalité brute et la matérialité inexorable du temps lui-même » (Fredric Jameson).

Video Performance With Kitchen or Kitchen Performance With Video

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Video Performance With Kitchen or Kitchen Performance With Video, Lynda Perry, 1978, 17:20 min.
Caméra: David Smith.
Production et montage: Véhicule Art et Portable Channel.

Video Performance with Kitchen or Kitchen Performance with Vidéo de Lynda Perry montre un exemple assez typique pour l’époque de performance pour la vidéo. Compte tenu des limitations techniques de la vidéo demi-pouce, comme l’absence de capacité de montage sophistiqué, l’artiste doit concevoir des actions qui se déroulent devant la caméra par des plans séquences mis bout à bout. L’artiste qui réalisa cette bande vidéo n’a pas laissé d’autres traces dans les archives qu’une mention dans un numéro de Hyprofile d’avril 1980, une petite publication de PRIM. Une affiche confirme aussi que la vidéo fut présentée à la galerie de la rue Sainte-Catherine du 5 au 16 juin 1978. Cette œuvre est présentée dans le cadre d’un des programmes Vidéopoint ¹ du 20 mars au 16 juin 1979 à la galerie Véhicule art. Sinon on trouve peu de traces de cette artiste et de ses travaux artistiques. Cette bande vidéo présente dans le Fonds PRIM d’art vidéo est plutôt représentative du genre de performance à caractère féministe qu’une jeune artiste pouvait réaliser en ce temps-là, fait avec peu de moyens, une réalisation brute et sans souci de rigueur formelle. C’est à la fois brut, quotidien, réflexif et ennuyeux, l’ennui d’une réalité filmée et observée sans les fards habituels des médias; tournage en continu d’actions diverses générant « l’Ennui, au sens classique d’une confrontation existentielle avec la réalité brute et la matérialité inexorable du temps lui-même » ². Les commentateurs et spectateurs de plusieurs œuvres des années 1970 parlent souvent de cet ennui. Ces vidéogrammes reposants sur le tournage en continu et en temps réel sont souvent qualifiés d’austères ou hermétiques. Cette monstration du temps lasse les spectateurs, car elle n’a pas les qualités de la monstration rythmique du temps d’autres formes vidéographiques comme la vidéomusique.

C’est une bande maladroite et certainement pleine de clichés. Il est même possible que nous ayons affaire à la réalisation d’une étudiante qui s’exerce à reprendre des idées qu’on enseignait dans les écoles d’art telles que l’autoréflexivité ou l’autoréférentialité de l’œuvre d’art, telles que celles associées à un art féministe. Il est possible de repérer dans cette bande une influence venant de Semiotics of the Kitchen, le vidéogramme de Martha Rosler qui avait été présenté à Véhicule en février-mars 1978. Toujours est-il qu’à défaut de trouver d’autres traces de cette artiste ou de ses œuvres qui nous permettraient de mieux qualifier son travail, cette vidéo montre une manière assez répandue de réaliser des performances pour la vidéo, c’est-à-dire à la fois conceptuelle, se voulant critique et féministe dans ce cas-ci, mais avec peu de soin quant à la facture vidéographique. De toute évidence, là n’était pas l’essentiel pour une artiste comme Lynda Perry.

Une page de Hyprofile, février – avril 1980, une publication de Vidéo véhicule. BAnQ, Collection nationale, PER H-148.

  1. 1
    Vidéopoint/Vidéo Spotlight
  2. 2
    Jameson, F (1988). La lecture sans interprétation. Le postmodernisme et le texte vidéo. Communications, no. 48, p. 107.
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