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CinémaLes multiples visages de Rock Demers (1933-2021)

Guillaume Lafleur
12 avril 2022
Les multiples visages de Rock Demers (1933-2021)

En janvier 2017, nous organisions une rétrospective Alain Tanner lors de laquelle, en guise de préambule nous avions publié une lettre de celui-ci nous mentionnant chaleureusement son étonnement et sa joie de voir ainsi sa cinématographie honorée. C’était pourtant bien la moindre des choses que de souligner l’apport de cette filmographie passionnante aux cinémas suisse et mondial. Cependant, nous n’étions pas au bout de nos surprises avec cette rétrospective, puisqu’avant la première projection, j’allais recevoir un appel de Rock Demers m’informant qu’il avait distribué en son temps à Montréal le premier long-métrage de Tanner, Charles mort ou vif, à propos duquel il avait beaucoup de choses à raconter. Serions-nous d’accord pour qu’il vienne présenter la première projection de la rétrospective ? Oui, bien entendu.

C’est donc à cette occasion que j’appris ce récit que nous pouvons désormais inclure dans la mythologie de ce qu’aura été Rock Demers, par ses actions, par ses envies, par sa détermination. Ne parvenant pas à convaincre les salles de cinéma montréalaises de la pertinence de présenter ce film hors normes, il s’était alors résolu à ouvrir une salle dans le Vieux-Montréal pour montrer Charles mort ou vif dont il avait acheté à Cannes les droits sur notre territoire quelques mois auparavant.

Suite à la projection, il me confiait comprendre désormais un peu mieux pourquoi un film traitant d’un patron d’entreprise abandonnant le système capitaliste et sa vie d’avant, lors de longues scènes parfois elliptiques avait reçu, dans un premier temps, si peu d’échos. Il s’agit là bien sûr d’un micro-épisode dans l’histoire d’un producteur fameux qui a d’abord joué un rôle important dans le déploiement d’un festival de films ambitieux (Festival international du film de Montréal, 1960-1967), à l’approche exceptionnelle et exigeante, un passionné de cinéma d’animation, curieux de tous les cinémas du monde et de l’Europe centrale et de l’Est en particulier (il en viendra même à produire un film de référence sur Vaclav Havel, avec le concours précieux de ce dernier).

Le visage le plus connu de Demers, pour ma génération comme pour celles d’avant, est évidemment cellui du producteur de films pour la jeunesse et de la série Contes pour tous. C’est sous ce chapeau que je l’ai rencontré la première fois, animant avec lui une soirée sur la production de cinéma pour enfants à la Bibliothèque Gabrielle-Roy de Québec, lors de laquelle je n’ai jamais eu qu’à balbutier trois mots d’introduction et de conclusion, tellement son propos était ciselé à la virgule près et son personnage public, à titre de producteur, redoutablement rodé.

Nous tenons donc à rendre compte, dans notre programmation hommage, de l’ampleur de la contribution de Rock Demers au cinéma ; il fut aussi l’un des cofondateurs de la Cinémathèque québécoise.