ProgramHervé Guibert (1955-1991)
Du 2 au 16 décembre, la Cinémathèque québécoise accueille une série d’événements autour d’Hervé Guibert, écrivain, critique et photographe mort il y a 30 ans. Cette programmation rétrospective, qui comprend un cycle de films, deux tables rondes, une mise en lecture, ainsi qu’un diaporama de photographies, vise notamment à éclairer les rapports intimes que l’œuvre de l’écrivain entretient avec le cinéma.
Il y a en effet chez Hervé Guibert un véritable désir du cinéma et, de manière générale, de l’image qui précède son aventure littéraire. À 18 ans, c’est après avoir échoué son examen d’entrée à l’Institut des hautes études cinématographiques, à Paris, qu’il se tourne vers le journalisme, l’écriture et la photographie. Mais son désir du cinéma ne le quittera jamais.
Il l’entretiendra tout d’abord au cours de sa carrière journalistique, notamment dans Le Monde, de 1976 à 1983, où il multiplie portraits, entretiens et critiques. C’est au cours de cette période qu’il se liera d’amitié avec Isabelle Adjani que nous verrons au cours de cette programmation dans Possession et Les sœurs Brontë, deux œuvres parmi celles qui auront marqué l’imaginaire de l’écrivain cinéphile. Au sujet d’Adjani, devenue une sorte d’égérie pour lui, il écrit en 1981 qu’elle « figure [son] désir fou du cinéma ».
Ce sont également ses photographies et son travail littéraire, empreints de références cinématographiques, sans oublier son travail de scénariste auprès de Patrice Chéreau pour L’homme blessé (1983), qui font de son œuvre le lieu de toutes sortes d’expérimentations en lien avec le cinéma.
La relation que Guibert entretient avec le septième art culminera avec La pudeur et l’impudeur, documentaire réalisé entre 1990 et 1991, qui clôt ce cycle. L’écrivain y dévoile l’extrême vulnérabilité d’un quotidien, celle d’un mourant atteint du sida, qui n’évite pas de se montrer à l’article de la mort, émacié et nu. Cette nudité, comme il le confie dans son journal, « est d’un ordre pictural et documentaire, pas exhibitionniste ». Avec ce film diffusé à la télévision française en 1992, presque un an après son décès, Guibert modèle une même obsession de la mort qui se manifeste dès la parution de La mort propagande, son premier livre publié à l’âge de 21 ans.