Ce sont deux vidéogrammes numérisés à partir de rubans vidéo demi-pouce, sans plan titre et au générique lacunaire. C’est donc dans les archives de PRIM que le dossier au nom de Tom Dean nous renseigne sur ces deux vidéogrammes. Des documents dactylographiés, certains avec des notes manuscrites, donnent des informations sur ces deux œuvres pionnières et méconnues de la vidéographie québécoise. Il contient aussi la photographie que nous reproduisons plus bas. Alors que les deux documents vidéo sont lacunaires sans plan titre ou générique vraiment complet, un des documents au dossier présente les données descriptives de deux vidéogrammes : Tom Dean’s Dance (1972), un court métrage montrant une chorégraphie de Margaret Dragu qu’elle exécute avec Dean. Dans un courriel récent, Tom Dean, qui croyait cette vidéo perdue, affirme que le titre en serait Un Petit spectacle, ce qui correspond bien à la teneur de cette chorégraphie.1
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Courriel à Jean Gagnon du 12 septembre 2020. ↩
Tom Dean's Dance
Tom Dean’s Dance (aussi connu en tant que Un petit spectacle), Tom Dean, 3:53, [1972].
Chorégraphie : Margaret Dragu
présentateur : Steven Lack
musique de Smoky Robinson.
Performance at the Museum
Performance at the Museum, (distribué par V/Tape sous le titre Performance), Tom Dean, 1974, 18:30.
Performeur: Tom Dean
Pianiste and directeur musical : John Plant
Chanteuse: marshalore
Boxeur: Glendon Light
Chorégraphie : Margaret Dragu
Instructeur de claquette : Lea Cohen avec The Merlinettes
Performance at the Museum (1974) fut captée en vidéo, selon toute vraisemblance, le 17 février 1974 lors de l’ouverture de l’exposition Périphéries au Musée d’art contemporain à la Cité du Havre.
Pour la durée de l’exposition Périphéries, la captation Performance at the museum devait figurer au centre d’une installation, présentée sur un téléviseur entouré de photographies sur les murs. Dans un document dactylographié du dossier Tom Dean quelques lignes décrivent ces photographies comme étant des « self-portraits by Tom Dean. » La dernière de ces lignes précise : « The exhibit was removed from the museum by local police ». Dans ce même courriel l’artiste écrit que la police trouvait offense à la moralité publique dans ces photos auto-érotiques montrant des organes génitaux masculins.2
Parmi les documents, il s’en trouve un qui énumère un ensemble de lieux où, semble-t-il, cette captation de la performance a été présentée. Ça commence en 1974 avec IMPACT/ART/VIDÉO/74. Cette manifestation, cette « confrontation vidéo » comme le dit le communiqué du 14 octobre 1974 rédigé par Chantal Pontbriand, fut organisée par l’éminent critique suisse René Berger, spécialiste de l’art vidéo et de la télévision. La circulation de cette vidéo se serait poursuivie à Paris lors de Art vidéo/Confrontation 74 au Musée d’art moderne de la ville de Paris la même année et ensuite elle aurait été présentée lors de trois rencontres vidéo (video entounters) organisées successivement dans trois villes différentes par l’Argentin Jorge Glusberg et le Centro de Arte y Communicacion (CAyC). La Quatrième de ces rencontres internationales de la vidéo avait lieu à Buenos Aires du 31 octobre au 14 novembre 1975. Une importante délégation québécoise associée à Véhicule Art s’y rend, dont Andrée Duchaine et Bill Vazan. Cette tournée se serait terminée en février 1976 lors des Cinquièmes rencontres internationales de la vidéo, toujours organisées par Glusberg à Anvers.
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Nous n’avons pas trouvé de traces de cette censure dans les quotidiens de l’époque. Toutefois, le 24 février 1990 dans La Presse (page D3), Jocelyne Lepage relatait que Dean avait vu « un autoportrait avec gros plan sur les parties génitales » interdit par le MAC dans les années 1970. ↩
Cette vidéo avait été présentée en mars 1975 à la Gallery one one one de la School of Art de l’Université du Manitoba dans une exposition intitulée Quebec Video pendant laquelle Tom Dean donne des ateliers vidéographiques avec Allan Bealy, Andrée Duchêne (sic) et Bill Vazan. Cela démontre que Véhicule Art et les artistes qui lui sont associés ont déjà acquis une réputation comme pionnier de la vidéographie au Canada.
Sur ce carton présentant deux événements/expositions provenant de Véhicule Art, dont Quebec video, on remarquera celle avec Hervé Fischer qui avait présenté son travail artistique associé à l’art sociologique dont il est l’un des promoteurs. Fischer qui s’établira plus tard à Montréal se fera notamment connaître par l’organisation d’Images du futur, festival d’art et technologie qui exista de 1986 à 1996. Source : Dossier Tom Dean, Archives PRIM.