ProgramOù va le cinéma basque?
Observer la production d’une cinématographie dite régionale pour en dégager les lignes de forces peut être très instructif lorsque celle-ci fleurit à l’ombre d’un cinéma national. Le Pays Basque est à cet égard un exemple fort intéressant et nous présentons justement à la Cinémathèque québécoise, du 9 au 24 septembre un cycle consacré au cinéma qui s’y fait depuis les dix dernières années.
La sélection des films relevait cette fois d’une équation simple, valorisant la diversité des approches, des styles et des thématiques. Il n’y a pas un auteur phare via lequel observer l’ensemble de la production, mais plutôt de multiples points de vue qui esquissent une cinématographie en kaléidoscope.
Toutefois, il faut remarquer, depuis Julio Medem (réalisateur du film Vacas (1991), qui sert ici de figure tutélaire) une place importante accordée au cinéma historique (Handia, 2017) et à la représentation du mode de vie rural, actuel (Hil Kanpaiak, 2020) ou pas (Ander, 2009). Nous aurions pu imaginer un autre titre à ce cycle. Plutôt que Basques contemporains, Depuis Vacas en est un. Medem y revisitait plusieurs épisodes de l’histoire basque, en se donnant les moyens de remettre en scène les mœurs, le quotidien et l’âpreté d’une réalité vécue entre la fin du dix-neuvième siècle et la guerre d’Espagne.
Voilà un geste crucial, consistant à faire émerger dans l’image l’expérience de vies parfois anonymes, au sein d’une culture souvent fragilisée, tout particulièrement sous la dictature du général Franco.
La plupart des titres présentés ici le sont pour la première fois ; nous débutons ce jeudi 9 septembre avec Dantza, un étonnant film musical et entièrement dansé qui permet d’amorcer le cycle sous un mode lyrique, en apesanteur.
La programmation des cinémas nationaux a eu un sens particulier lors de l’avènement de ce que l’on a appelé les «nouveaux cinémas», au courant des années 1960. Depuis ces courants forts, posés en porte-à-faux des standards de la narration propres au cinéma commercial et hollywoodien, convoquant souvent les forces libérantes d’un cinéma de poésie inspiré par les nouvelles techniques du documentaire, sont advenues des cinématographies avec leurs propres systèmes, plus ou moins performants selon les cas. Ceci posant d’autant plus fortement le risque de retrouver un peu tout et son contraire sous l’étiquette dudit «cinéma national».
Mais il faut bien admettre que la mondialisation du cinéma (et de ses conditions de production) vit forcément un ralentissement en partie forcé par la pandémie que nous subissons tous. Ces jours-ci, le cinéma permet plus aisément le voyage. Ce cycle vient le démontrer !